Avatar : Jim Cameron fait la revolution

Avatar est un film qui va révolutionner Hollywood. C'est Jim Cameron qui le dit. Et il a raison. Pas parce que tout est colossal dans Avatar : le budget, la motion capture, les VFX, le soin des détails dans la création de l'univers de Pandora, et le succès que l'on connait (plus d'un milliard de dollars de recettes en moins d'un  mois!). Mais plutôt parce que Jim Cameron a tout bonnement inventé une nouvelle méthode de faire un film.

Classiquement, réaliser un film se compose en gros de trois étapes. D'abord la préparation (ou préproduction) où on finalise design des personnages et des décors et scénario, avec la prévisualisation 3D de plus en plus utilisée ces dernières années. Ensuite le tournage proprement dit.Et enfin la postproduction pour rajouter effets visuels, étalonner la couleur, corriger les éventuelles erreurs de tournage et monter le film.

Avec sa caméra virtuelle (voir ci-dessous), Jim Cameron change la donne : la prévisualisation en images de synthèse n'est plus statique parce que prédéfinie, elle devient interactive en temps réel. Elle devient outil de tournage dans les mains du réalisateur qui voit les images finales (certes, en basse definition) pendant le tournage et peut ainsi modifier cadrages, jeu des acteurs, etc. Les images ainsi réalisées font l'objet d'un montage sur place, en temps (presque) réel, ce qui permet au réalisateur de revenir aussi sur les décors virtuels sans attendre le retour des rendus des studios VFX. Une grosse partie du travail de postproduction est ainsi remontée en prévisualisation, voire même en design. Comme le dit David Stripinis, VFX artist ayant travaillé 3 ans pour la production sur Avatar : "Avec ce système de caméra virtuelle, 90% de l'éclairage et des objets sont placés où et comme Jim le veut sur le plateau, avec un bon niveau de détail, au lieu des va-et-vient habituels sur les "dailies" qui durent des jours et des jours avec les studios de VFX. Jim est vraiment au centre du film, comme il se doit."

Jim Cameron peut ainsi dire que le film est achevé une première fois sur le plateau. Bien sûr, la postproduction reste étape obligatoire pour créer le produit final, mais le processus est radicalement transformé,  avec toute la liberté de création et de modification que cela donne au réalisateur. George Lucas aime dire que l'arrivée du  numérique dans le cinéma, c'est comme substituer la peinture à l'huile à la peinture « al fresco » : on peut revenir sur son oeuvre et la retoucher, elle n'est plus figée au premier trait. Jim Cameron avec Avatar pousse cette logique un cran plus loin : trait original et retouche deviennent simultanés, voire indissociables.

Rappel : la caméra virtuelle définie par Jim Cameron
Procédé révolutionnaire utilisé sur AVATAR, la caméra virtuelle a permis au réalisateur de tourner lui-même les scènes en images de synthèse, et a créé un nouveau paradigme de production qui a permis à James Cameron de voir les personnages et les décors en images de synthèse dans le retour image au moment même où il travaillait avec les acteurs sur le plateau. La caméra virtuelle, qui ressemble à un volant croisé avec une manette de jeu vidéo, n’est pas vraiment une caméra puisqu’elle ne filme rien,mais simule une caméra « alimentée » en images de synthèse par des ordinateurs ultra-perfectionnés entourant le Volume (le plateau de tournage). Un petit écran placé sur l’appareil permet de voir les décors numériques et les personnages en images de synthèse générés par les ordinateurs.
Les images de synthèse de la caméra virtuelle avaient la résolution de celles d’un jeu vidéo. Une fois chaque séquence tournée et montée, WETA a retravaillé les images pendant des mois pour créer une version finale photoréaliste haute définition. Dans les faits, chaque plan a été créé deux
fois : une première fois par James Cameron sur le plateau, et une seconde fois par WETA après des mois de travail passés à finaliser l’image. Jon Landau explique : « La caméra virtuelle a permis à James de diriger ses acteurs avec une immédiateté qui était impossible jusqu’ici. Cela a aussi permis aux acteurs de mieux sentir leurs personnages en images de synthèse parce qu’ils pouvaient voir les scènes qu’ils venaient de jouer presque immédiatement, au lieu de devoir attendre plusieurs mois après la fin du tournage que les effets visuels de ces scènes soient terminés. »