La Réalité Virtuelle au service des handicapés

Ayant installé durablement Laval Virtual comme un rendez-vous incontournable pour les   professionnels, les organisateurs vont plus loin en explorant les applications d'avant-garde de la réalité virtuelle dans cette 8ème édition (26 au 30 avril à Laval).

La réalité virtuelle est sortie de l'enfance, et certaines applications en sont maintenant bien connues : revues de projets et maquettes numériques en conception industrielle, simulateurs pour la formation ou le divertissement. D'autres secteurs abordent juste cette discipline, et Laval Virtual met l'accent dessus pour accélérer les expérimentations en cours ça et là. C'est pourquoi la thématique vedette de cette 8ème édition sera un symposium sur « Réalité Virtuelle et Handicaps Moteurs » le 27 avril à Laval. Dans le prolongement de la journée consacrée en 2005 aux désordres cognitifs et comportementaux, il s'agit là d'une journée consacrée aux troubles moteurs et aux applications de réalité virtuelle aidant la réhabilitation des personnes affectées par ces troubles. Ce symposium accueillera en particulier Tamar Weiss, directrice du LIRT (Laboratory for Innovations in Rehabilitation Technology) de l'université de Haïfa en Israël, ainsi que dix autres conférenciers.

Réalité virtuelle et réhabilitation
Selon Evelyne Klinger, chercheur ENSAM et organisatrice de ce symposium, la réalité virtuelle est un outil bien adapté aux problématiques de réhabilitation des handicapés. Dans leur processus de (ré)apprentissage, ces derniers ont à répéter des gestes, avec feedback pour les motiver et les faire progresser. La réalité virtuelle fournit un monde sensoriel et interactif adapté à ces objectifs, dont le feedback est adaptable au handicap du patient. On peut par exemple utiliser la capture de mouvements d'un patient pour l'insérer dans un décor virtuel et le faire réagir en conséquence. L'apprentissage de gestes est aussi meilleur si le geste a du sens, et la RV aide à mettre cela en scène pour suggérer du sens à ce qui pourrait n'être qu'un exercice fastidieux. Le colloque en abordera trois grands thèmes.
D'abord, l'image mentale, le fait de « s'entrainer dans sa tête » selon l'expression du champion de ski Jean-Claude Killy, initiateur de cette technique, pour visualiser un parcours et s'y adapter en pensée. Une expérimentation vise à supprimer les douleurs fantômes que ressentent certains dans des membres amputés en les faisant bouger mentalement et voir en même temps le mouvement du membre virtuellement reconstitué. La proprioception ensuite, c'est à dire situer son corps dans l'espace, une capacité affectée en cas de lésion cérébrale. Enfin, la locomotion, et plus précisément tout ce qui permet d'entrainer et vérifier l'adaptation de l'outil (fauteuil roulant) au handicapé.

Une discipline en devenir
En présence de François d'Aubert, député-maire de Laval, initiateur de Laval Virtual, mais aussi ancien Ministre de la Recherche, Evelyne Klinger a aussi souligné lors de la conférence de presse du 4 avril la difficulté de la recherche en réalité virtuelle en milieu hospitalier. Le manque de budget pour ce genre d'étude empêche de recruter un ingénieur dans l'équipe, étape pourtant indispensable pour mettre au point des dispositifs de réalité virtuelle. A ce problème d'équipe pluridisciplinaire à constituer peut se rajouter un problème d'accessibilité des outils de réalité virtuelle pour les patients : un patient doit être soigné dans un hôpital, lequel peut difficilement s'offrir un dispositif d'immersion en réalité virtuelle de type « Cave ». Ces difficultés ne sont pas spécifiques à la France, ce qui explique pourquoi ces recherches ne se font que dans peu d'endroits comme à Haifa (Israël) ou San Diego (Californie). Il ne reste plus à François d'Aubert qu'à faire passer le message à sonsuccesseur... Les autres attractions de Laval Virtual
Ce symposium n'est cependant qu'un des « tracks » de Laval Virtual. Les professionnels trouveront aussi des conférences pour les applications industrielles du retour d'effort (mercredi 26 après-midi) ou sur les utilisations de la réalité virtuelle pour le patrimoine historique (mercredi matin), ainsi que les Rencontres de l'Innovation présentant des cas de PME innovantes dans ce domaine. Sans oublier le Forum, salon de 3000 m2 présentant plusieurs dizaines d'applications ou d'expérimentations, et qui sera le cadre vendredi 28 de la remise des Trophées Laval Virtual par un jury international aux réalisations étudiantes les plus pointues. Des Trophées remportés le plus souvent (cinq fois sur sept) par l'Ecole Polytechnique... de Montréal!
 

Paul Schmitt 04-2006