Megamind

Mega-cité, mega-VFX, Dreamworks fait les choses en grand pour son nouveau héros Megamind.

Dreamworks Animation  a l’habitude de nous faire sympathiser avec des anti-héros : dans un conte de fées classique, un ogre vert, crasseux et misanthrope comme Shrek ferait un méchant de bonne facture. Dans Megamind, on retrouve le même contrepied : superhéros  Metro Man et superméchant  Megamind s’affrontent, mais c’est Megamind qui élimine son adversaire et domine Metro City ! Tout l’intérêt du film se porte sur ce que va faire Megamind, qui se révèle pas si mauvais bougre que cela…  La morale de l’histoire est claire : on peut faire de mauvais choix, mais on a toujours la possibilité de se racheter .
Dreamworks a investi sur ce film, dont ils espèrent faire une « franchise » (en clair, plusieurs suites) si le succès est au rendez-vous. Nous avons profité de la conférence de presse à Paris pour interviewer Tom McGrath, réalisateur de Megamind et auparavant de Madagascar et Madagascar 2.

Pixelcreation : Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet Megamind?
Tom McGrath : L’idée d’aborder une histoire de superhéros du point de vue du méchant. Et en plus, celui-ci tombe amoureux de l’héroïne ! Il faut du coup structurer l’histoire pour impliquer le public, le faire sympathiser avec les personnages en révélant leur fonds d’humanité. J'ai aussi choisi de garder un ton léger à l'histoire. C’est plus compliqué que Madagascar, qui s’adressait surtout aux enfants. Ici, on s’adresse d’abord aux adultes, aux enfants après.

Pixelcreation : Pour l’ambiance, on est plutôt rock dans Megamind
Tom McGrath : Clairement ! Megamind, c’est Alice Cooper contre Elvis Presley. Megamind est habillé cuir et pointes, tandis que Metro Man, symbole de Metro city, semble droit sorti des années 50 et 60. Et la musique est à l’unisson : d’Elvis Presley à Ozzie Osbourne en passant par AC/DC et Guns’n Roses.

Pixelcreation : Vos références pour le design et l’animation du film ?
Tom McGrath : Les films classiques de superhéros, en commençant par le Superman de Max Fleischer des années 40, première série où il est animé. Megamind par contre est une novation, il a fallu tatonner pour lui donner une allure d’alien méchant en apparence mais néanmoins sympathique. Il a donc de grands yeux et des sourcils haut placés pour rendre l’expression plus sympathique.
Pour animer les personnages, même par rapport à des films récents, nous avons raffiné en rajoutant des mouvements subtils, en contractant les muscles autour des yeux pour exprimer l’amour par exemple. Les squelettes des modèles 3D s’améliorent constamment, ce qui donne aux animateurs des outils pour un jeu plus subtil. En tant que réalisateur, je considère les animateurs comme des acteurs : ils doivent exprimer leurs sentiments, en s’appuyant sur les vidéos de référence des acteurs faisant les voix, en jouant eux-mêmes, etc.

Pixelcreation : Côté décors, Metro City est un cran au-dessus de ce dont a l’habitude…
Tom McGrath : Pour Madagascar, New York a été faite en matte painting, nous ne pouvions pas faire le rendu d’une ville en 3D. Huit ans plus tard, nous pouvons rendre toute une ville et même la détruire ! La ville en 3D est absolument nécessaire ici puisque les personnages volent tout au long du film entre les buildings, et en relief en plus. Même si le département VFX a dû tricher un peu pour les scènes les plus dynamiques, quand les superhéros volent à toute vitesse en montant et descendant le long des immeubles. Pour le design, Philippe Denis, superviseur des VFX, a déterminé une palette de couleurs, un « script de couleurs » pour tout le film : température, éclairage, contrastes, etc. L’idée générale a été d’utiliser un fonds plutôt neutre et d’utiliser la couleur pour mettre en relief l’action.

Pixelcreation :Parlez-nous des VFX dans votre film
Tom Mc Grath : Oui, là encore les progrès techniques nous ont permis d’en faire plus, beaucoup plus. Dans les Incredibles (ndlr : film d’animation de Brad Bird produit par  Pixar en 2004), vous ne voyez pas la cape des héros flotter au vent quand ils volent. Dans Megamind si, et c’est important : cela donne le sens du mouvement, souligne l’action – elle s’arrête avec retard par exemple. Et dans Madagascar 2, on compte au maximum 8000 lémurs ; dans la grande scène au début de Megamind, devant le musée, vous avez un million de figurants ! Tout ces VFX permettent  de soutenir l’histoire et les sentiments des personnages, comme la pluie qui tombe quand Megamind et l’héroïne Roxanne se disputent.

Paul Schmitt, décembre 2010