Mune le gardien de la Lune

Belles ambitions visuelles pour ce conte qui renoue avec les mythologies du Soleil et de la Lune.

A peine sorti Le Petit Prince cet été, voilà un nouveau long métrage d’animation d’Aton Soumache et de sa société On Animations. Sur une idée du scénariste et réalisateur Benoît Philippon, On Animation a débauché l’animateur Alexandre Heboyan de Dreamworks pour coréaliser avec lui Mune le gardien de la Lune. Un long métrage à mi-chemin entre les grosses productions, les franchises, et le film d’auteur : Aton Soumache consacre un budget de 18M€ pour développer ce conte de fées poétique et ses univers multiples et confie la fabrication du film est confiée à Mikros Image Montréal avec tout de même 150 personnes sur le projet.

Mune le gardien de la Lune joue esthétiquement sur l’opposition entre jour et nuit : un peuple très organique dans une nuit phosphorescente, façon Avatar, et des créatures très minérales et plutôt géométriques, y compris Nécross le gradien déchu qui est le méchant de l’histoire. D’où un gros travail de recherche de matières en réfléchissant à la dimension translucide de la cire, aux teintes chaudes et orangées de l'ambre et au côté minéral de la roche volcanique très noire qui tranche avec la lave en fusion. Pour varier encore un peu plus, les rêves et cauchemars sont en animation 2D, confiée au jeune studio parisien La Cachette.

Une variété qui pose défi à plusieurs niveaux comme l’explique Alexandre Heboyan : « D'abord, la richesse de matières et de textures qui a nécessité un travail considérable de développement en 3D. Par exemple, il fallait que la lumière traverse la cire ou qu'elle mette en valeur la fourrure de Mune ou encore qu'on voie celle-ci bouger dans l'eau par effet de transparence.

Ensuite, nos personnages sont dans des registres très différents. D'un côté, nos héros ont une grande palette d'expressions de visage, exprimant tour à tour la douleur, la joie, la contemplation, le doute, l’envie et la jalousie de manière réaliste. De l'autre, on a des personnages de pur "cartoon", comme les diablotins, qui sont uniquement destinés à faire rire. Enfin, on rencontre des personnages très stylisés comme Phospho qui, du point de vue des expressions, sont à mi-chemin entre ces deux extrêmes.

Pour que tout ce petit monde cohabite, nos directeurs artistiques ont dû homogénéiser l’image afin d'obtenir une patte graphique qui ait le même ADN d’un univers à l’autre. Et les variations d'échelles ont représenté un énorme défi. C'est ainsi qu'à côté des minuscules araignées et des toutes petites fourmis, les Temples sont d'immenses créatures de pierre de 300 mètres de haut. C'était extrêmement difficile à mettre en oeuvre, il a fallu définir plusieurs codes techniques par échelle de personnages. »

 Pour gérer tout cela, explique Rémi Salmon, DA de Mune gardien de la Lune «  on a joué énormément sur les silhouettes, plutôt simples et lisibles, qui permettent de décrypter l’image le plus rapidement possible : il s'agissait d’éviter au maximum de surcharger l'image avec une abondance d’informations. Par exemple, on a toujours contrebalancé une texture un peu réaliste avec un aplat pour trouver le bon équilibre.
De même, on n'a pas cherché à obtenir une eau réaliste avec des reflets et des vagues mais plutôt une forme d'abstraction très simple. De même, on n'a pas essayé d’avoir une lave réaliste et bouillonnante mais une matière minimaliste qui nous fait comprendre que c’est bien de la lave et qui contrebalance la roche voisine, plus en volume et plus texturée. »

Côté textures, Guerilla Render, le moteur de rendu de Mikros a pu donner sa mesure : il fallait pouvoir éclairer l'ambre, la cire ou la lave de manière réaliste, avec la transluminescence requise.

Le résultat est séduisant, un bel univers « poétique mais pas onirique » insiste Benoît Philippon, bien mis en valeur par l’histoire classique de parcours initiatique du jeune Mune et de ses amis. Aton Soumache rêve de rivaliser avec les contes de Disney et de Miyazaki, Mune gardien de la Lune est une étape sur ce chemin.

Paul Schmitt, octobre 2015



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