Over the Hedge : de l'autre côté de la haie

Une histoire bien enlevée, toujours une bonne dose d'humour cartoonesque, un peu moins de clins d'oeil cinématographiques et de satire : ce nouveau film de DreamWorks est une réussite, avec en plus son lot de nouveautés artistiques et techniques. Pour couvrir tout cela, Pixelcreation.fr vous propose pas moins de cinq interviews de responsables (en cliquant sur leur photo dans la galerie) en plus de l'article ci-dessous et de sa galerie de visuels ! Vous découvrirez ainsi les points de vue de Karey Kirkpatrick, coréalisateur et scénariste, et des Frenchies de Dreamworks : Kristof Ferrand et William Salazar - Animateurs Superviseurs -, Nicolas Scapel - Lead Character Technical Director - et Matthieu Grospiron - Lighter.

A Disney et Pixar les grands sentiments, à DreamWorks et PDI la satire et la comédie de moeurs

La distinction est maintenant traditionnelle entre les deux groupes. Comme aime à dire Jeffrey Katzenberg, cofondateur de DreamWorks, prenant ainsi le contrepied de Walt Disney : "Nous faisons des films pour adultes et pour l'adulte au coeur de chaque enfant".
Rien d'étonnant donc à ce que le dernier bébé du studio soit issu d'une BD paraissant quotidiennement dans la presse : "Les héros de la bande sont deux inséparables amis : une tortue et un raton laveur, qui scrutent notre société et la jugent avec un humour pince-sans-rire ravageur. C'est du comique d'observation à l’état pur, inscrit dans une perspective totalement originale", résume Karey Kirkpatrick, coréalisateur et scénariste du film.
Avec la collaboration des auteurs Michael Fry et T. Lewis, le scénario du film garde les deux héros principaux mais leur adjoint plusieurs autres personnages et raconte l'histoire de leur rencontre. Alors que Verne la tortue et sa bande émergent de leur hibernation, ils découvrent une grande barrière verte (une haie, the hedge en anglais) qui limite leur territoire et, derrière, un domaine étrange (en fait, un lotissement de banlieue fraîchement bâti). Riton (RJ en anglais, en clin d'oeil à la série Dallas et son méchant JR ?), raton-laveur de passage, en profite pour les embobiner et leur faire piller les maisons voisines à son profit, avec bien sûr des représailles des humains. L'histoire se laisse avaler grâce à une réalisation et une animation excellentes, grâce aussi à de bons gags dont certains dignes de Tex Avery, et à notre avis ce film vaut bien Madagascar à défaut d'égaler Shrek.


Une production signée DreamWorks Animation

Et non PDI, à la différence de Shrek et Madagascar. Quoique PDI fasse partie du groupe DreamWorks depuis plusieurs années, les deux studios d'animation restent séparés physiquement (PDI est à Redwood City près de San Francisco, DreamWorks Animation à Glendale dans la banlieue de Los Angeles) et gèrent chacun leur propres projets. DreamWorks Animation a réalisé 10 films en 12 ans d'existence, la plupart en animation 2D : Prince of Egypt, Eldorado, Sinbad, etc. Mais depuis l'abandon de la 2D, les 2 studios ont adopté le pipeline de production en 3D de PDI, ce qui permet en cas de besoin de se donner des coups de main l'un l'autre en gommant la distance grâce à un système de vidéoconférence spécialement développé pour eux par leur partenaire technologique HP. Et le groupe (1200 personnes, dont 800 à Glendale et 400 à Redwood City) peut mener 3 longs métrages de front en production. Sortiront ainsi de Glendale Flushed Away (Souris City, en coopération avec le studio anglais Aardman, sortie en France le 28 novembre 2006), Bee Movie à l'automne 2007 et Kung Fu Panda au printemps 2008. Tandis que PDI, à Redwood City, se concentre sur Shrek 3 (printemps 2007) et Madagascar 2 (2009 ?).

It's photo-unrealistic!

C'est ainsi que Karey Kirkpatrick décrit le style de ce film : pas splendidement photoréaliste comme Shrek, pas stylisé cartoon comme Madagascar, mais d'un réalisme stylisé et centré sur les animaux. Les caméras sont utilisées comme dans un vrai tournage : au niveau des personnages, en plans serrés et avec peu de profondeur de champ. "C'est pour adopter le point de vue des animaux", explique Tim Johnson, coréalisateur. Dans le même esprit, les noirs et les blancs sont saturés pour mieux les faire ressortir.
Pas de grandes innovations technologiques dans ce film, mais un gros travail pour concilier des animaux à fourrure avec un environnement très feuillu (la forêt, la haie surtout) en évitant les interpénétrations entre poils et feuilles. Le système perruque, développé pour Shrek 2 (la crinière des chevaux) puis Madagascar par Nicolas Scapel, a été étendu en système fourrure pour animer de façon réaliste la fourrure des personnages avec des poils "guides". Au niveau des lumières et de l'ambiance, le film joue aussi sur le contraste entre une forêt verte et accueillante, au contraire d'un lotissement de banlieue froidement géométrique avec des couleurs désaturées. Au total, un travail soigné, aussi bien pour l'animation que pour les effets, et qui devrait rencontrer le succès au box-office.

Paul Schmitt - 07/2006

Sortie en salles : 4 juillet 2006 - Durée : 1h25 - Réalisateurs : Tim Johnson et Karey Kirkpatrick - Producteur : Bonnie Arnold - Scénario : Lern Blum, Lorne Cameron, David Hoselton et Karey Kirkpatrick - Production : DreamWorks Animation.