Du manga à l'anime : genèse du film.

Après Perfect Blue, le réalisateur Satoshi Kon plonge une nouvelle fois les spécialistes et les passionnés d'anime dans un univers bien à lui : Paprika. Imprégné des films de référence tels qu’Akira et Evangelion, Paprika émet la possibilité de pénétrer les rêves d’autrui par une curieuse machine. La galerie Arludik a proposé, dans le cadre de la sortie du film au cinéma le 6 décembre  2006, une exposition inédite des planches originales du story-board. L’occasion rêvée de découvrir la genèse du film.

Discipline éminemment nippone, l’art du manga démontre ici avec Paprika, maintenant passé à l'animation, sa capacité à aborder les thématiques aussi diverses que le rêve, le clonage, ainsi que les mutations et manipulations génétiques. Rien n’a été laissé au hasard dans l’élaboration de ce film d’"anime", comme le dévoile l’exposition dont il fait l’objet. En effet, de la simple planche de story-board exécutée au crayon graphite, à l’assemblage des pages visuelles en 3D, afin de créer le rythme et le mouvement du film, Paprika a bénéficié d’une attention toute particulière, jusque dans la recherche et l’étude des personnages (attitudes, expressions, mimiques).

Jusqu'au bout du rêve
Synopsis : inventée par un certain Docteur Tokita, une petite machine à percer les rêves voit le jour et vient perturber les certitudes de tout un monde. Le rêve n’est ici plus intime, mais bien public. L’influence onirique sur le synopsis n’est pas uniquement japonaise, comme l’explique Satoshi Kon lui-même : " Ce qui me fascine dans le rêve, c’est l’idée que cela puisse provenir de notre inconscient. Brazil (de Terry Gilliam, ndlr) est un film que j’apprécie beaucoup pour ce qu’il dit et son alternance entre le rêve et la réalité. A l’époque, il m’avait impressionné."
Paprika fait appel au sens critique du spectateur, à l’instar de bons nombres de films d’animation japonais (on pense évidemment au Voyage de Chihiro et à Princesse Mononoke de Hayao Miyazaki) où la satire sociale côtoie la morale et l’étrangeté propres au monde du rêve. A la différence du film d’animation Perfect Blue, Paprika est une adaptation spontanée du manga de Yasutaka Tsutsui par Satoshi Kon, ce qui dés le départ laissait présager la mise en image très personnelle d’une dimension insaisissable du réel. L’exposition dédiée à Paprika permet d’entrer virtuellement dans le studio d’animation sans déranger personne et offre au regard des ébauches si rares à découvrir, en particulier avant la sortie du film.

Agathe Hoffmann - 12/2006
Galerie Arludik 12-14, rue Saint-Louis en l'Ile , Paris 4ème.
du mardi au samedi, de 14h à 19h.