Planete 51

Un film d’animation 3D venu d’Espagne pour rivaliser avec les blockbusters américains. Un budget et une réalisation à la hauteur, mais il manque à Planete 51 un peu de créativité pour bousculer ses ainés.

C’est E.T. à l’envers : Chuck Baker, un astronaute américain débarque sur une planète peuplée de gentils aliens verts. Son arrivée sème évidemment la panique, l’armée locale se lance à sa poursuite ;  il ne devra son salut qu’à un groupe de jeunes qui le prend sous sa protection et le délivrera de sa prison dans la base militaire secrète Base 9.
Planete 51 est un film pour public familial dont la loufoquerie fait penser à Tempête de Boulettes, le dernier film d’animation de Sony Pictures. On peut aussi penser à la saga Shrek, à cause de la couleur verte des aliens, et au fait que le scénario de Planete 51 est signé Joe Stillman (Shrek, Shrek 2, Beavis and Butt-Head), mais l’humour est ici moins caustique. Au résultat, Planete 51 offre un bon moment de distraction familial, une réalisation soignée, mais ne marquera les esprits ni par son histoire ni par sa technique d’animation

Ilion Animation Studios
Le groupe espagnol Zed se lance dans l’animation 3D à grand budget (49M€) avec Planete 51 produit et réalisé par sa filiale Ilion Animation Studios. Fondé en 2002, Ilion Animation s’est lancé dans ce projet en recrutant 250 infographistes et en développant sa propre technologie 3D avec l’appui des autres sociétés du groupe, Pyro Studios (éditeur de jeux vidéos : la saga Commandos en particulier) et Zed (éditeur de contenus et plateformes pour les mobiles). C’est d’ailleurs le directeur artistique de Commandos, Jorge Blanco, qui a assuré la réalisation et direction artistique de Planete 51.

Retrodesign : les Années 50 et le googie
Les 50’s sont vraiment l’âge d’or : on ne compte plus les films live ou d’animation qui y font référence, en particulier pour revisiter les thèmes de science fiction de l’époque comme l’invasion des extraterrestres (dont récemment : le Jour où la Terre s’arrêta).
D’où la prémisse de Planete 51 : faire un film d’invasion extraterrestre à l’envers, avec un astronaute américain semant la panique chez des gentils aliens verts vivant dans une banlieue droit tirée des USA des années 50. Jorge Blanco s’est largement inspiré du design futuriste de l’époque, le googie, dont nous connaissons tous les réalisations emblématiques : enseignes de cinéma ou fast food  donnant l’impression de s’envoler ou flotter en l’air.  Et Jorge Blanco y rajoute un design sphérique pour donner sa patte à cet univers. Tout est en rondeurs voire en forme de soucoupes volantes, les formes des aliens (antennes incluses), les voitures (des Cadillac  ou des jeeps « relookées » en forme de soucoupes volantes) aussi bien que l’architecture.
Enfin, n’oublions pas le clin d’œil du titre du film : « 51 » fait référence à la Base 51, base secrète mythique où l’armée américaine est censée  cacher depuis 60 ans les preuves de visites d’aliens sur Terre. Sur Planete 51, la base secrète équivalente se nomme Base9, et sert de prison à l’astronaute Chuck Baker…

Les résultats au box-office international de Planete 51 sont moyens, mais souhaitons à Ilion Animation de s’en tirer assez bien pour nous revenir avec un deuxième opus. Un rien moins conventionnel, et ce sera parfait.

Paul Schmitt, février 2010