Taken 3

Beaucoup de SFX, pas plus de VFX que nécessaire, voilà la recette du réalisateur Olivier Megaton et de Rodolphe Chabrier de MacGuff pour les effets de Taken 3.

Avec un MAKING-OF EXCLUSIF, courtesy Mac Guff, à visionner en bas de cette page !

Olivier Megaton aime donner un feeling organique à ses films, d’où son amour des optiques anamorphiques… et des SFX avec cascades et vrais crashs de voitures ! Rodolphe Chabrier, dirigeant du studio Mac Guff et superviseur des effets visuels sur Taken 3, renchérit : « Faire feu de tout bois, recourir au système D est un des charmes du métier ». Même la prévisualisation ne les séduit pas, car « cela enlève de l’humain » (Olivier Megaton) et « on perd le contact avec le réel » (Rodolphe Chabrier). Bienvenue dans la French Touch, où même les blockbusters « à l’américaine »  se font avec des méthodes et des budgets loin d’être hollywoodiens.

Pour Taken 3 comme pour ses 3 films précédents, Olivier Megaton s’est appuyé sur Mac Guff et Rodolphe Chabrier pour deux grandes scènes d’action : la course poursuite sur autoroute, et la collision d’une Porsche avec un jet en train de décoller.

La course poursuite sur autoroute
Forte de 800 plans ( !), cette très spectaculaire scène de Taken 3 montre le héros Bryan Mills (l’acteur Liam Neeson) conduire une voiture de police et slalomer sur l’autoroute avant de s’envoler par-dessus le rail de séparation et de poursuivre son chemin sur l’autre voie à contre-sens. Le tournage a eu lieu pendant  8 jours à Los Angeles sur un parking, le décor d’autoroute et la plupart des voitures croisées étant incrustées en postproduction. L’équipe a utilisé 9 caméras, dont 3 protégées par des « crash-box » et une sur bras articulé.

En cascade réelle au tournage, la voiture de police franchissant le rail de séparation s’est élancée depuis un tremplin pour atterrir sur un matelas de l’autre côté (voir visuels ci-contre dans la galerie). Manque de chance, l’axe de la cascade se révèle non conforme à l’axe où elle doit retomber ! Au montage, Olivier Megaton décide de refaire la scène en 3D par Mac Guff, en s’appuyant sur des éléments (photos HDRI, scan du décor) déjà rassemblés par Mac Guff pour rajouter les effets mineurs (poussière, fumée).

Vers la fin de la scène, un camion qui freine voit sa remorque partir à angle droit et le container  dessus s’en échapper et rebondir sur l’autoroute en écrasant plusieurs voitures. Le tournage a utilisé un container monté sur cerceaux et tiré par un câble qui roule et écrase les voitures postées sur son chemin. Le mouvement du container n’étant pas assez crédible, il a été corrigé par Mac Guff qui a modélisé la scène et aussi rajouté la chute finale. Le camion lui-même a été équipé d’un mécanisme pour faire pivoter la remorque à angle droit et éjecter le container, la postproduction remettant les roues dans la bonne direction. Les voitures qui giclent en l’air à cause des collisions sont elles aussi réelles, propulsées par un piston bien réel et effacé en post production.

Collision de la Porsche et de l’avion au décollage
A la fin de Taken 3, Bryan Mills essaie d’empêcher le méchant de décoller de l’aéroport de Santa Monica dans son jet privé en emmenant sa fille avec lui. Pour cela, il débouche en Porsche à pleine vitesse sur la piste de décollage et provoque une collision avec l’avion, emportant la roue avant et le forçant à stopper.

Une maquette coûtant cher, Olivier Megaton s’est associé à une école d’ingénieurs aéronautiques qui lui ont rafistolé deux épaves trouvées au Bourget: une complète, et une avec juste le nez sur un vérin pour tourner la collision. Le tournage a eu lieu en Espagne sur une base militaire. Le camion avec vérin roulait en réalité à 30km/h, même si la scène finale donne l’impression d’une vitesse de 200km/h. Et la collision de la Porsche avec le train d’atterrissage (en plastique) a été tournée 17 ou 18 fois, sans compter le tournage avec l’avion complet. Même l’explosion du train est un effet spécial pour plus de vraisemblance. En postproduction, Mac Guff a surtout enlevé câbles et grues et a décorrélé les vitesses des plans de l’avion (30km/h) et de la Porsche (180km/h).

Le tournage de ces deux scènes a généré énormément de rushes : il a fallu à chaque fois trois semaines à un monteur pour arriver à la version finale. Pas de problème, précise Rodolphe Chabrier, cela lui simplifie la tâche : ces plans courts s’avèrent plus faciles à tracker pour les VFX, malgré le style visuel « caméra sur l’épaule » privilégié par Olivier Megaton. Décidément, ces deux-là sont de vrais complices…

Wilhelm Kuhn, février 2015