Abstraction picturale

Comment la peinture en Europe et en Amérique s'est affranchie de la figuration dans les années 50 et 60.

Grâce aux collections de tout le réseau Guggenheim, le musée  Guggenheim de Bilbao nous offre une rétrospective majeure sur un tournant de l’art dans le monde occidental : la généralisation de l’abstraction en peinture dans les deux décennies d’après-guerre. Certes, le mouvement n’est pas uniforme, bien au contraire.
 Les artistes européens ont recours à l’hybridation et à la synthèse, a contrario des valeurs utopistes et expérimentales ayant cours entre les deux guerres comme chez Mondrian et De Stijl par exemple. Le terme d’Art Informel recouvre ainsi une grande diversité de pratiques et méthodes picturales ayant émergé après-guerre.
Alberto Burri en Italie et Antoni Tapiès en Espagne utilisent des matériaux peu conventionnels dans leurs peinture, comme le bois, le sable, des cordes. Des artistes comme Lucio Fontana, Yves Klein et Piero Manzoni cherchent des stratégies plus « objectives » et adoptent la peinture monochrome. D’autres encore, comme Victor Vasarely, cherchent à bouleverser la perception du spectateur, jusqu’au vertige, en travaillant sur l’effet optique.

La peinture américaine quant à elle évolue vers un style basé sur le geste et que l’on baptisera Expressionisme abstrait.  Pas de style ou de thématique commune dans ce courant, mais un intérêt accordé au processus de création même et un penchant pour une abstraction où les émotions du créateur deviennent le moteur du mouvement.
Ainsi, Jackson Pollock fond forme et émotion au moyen de méthodes novatrices : il verse et éclabousse la peinture sur la toile. Helen Frankenthaler utilise dès 1952 le « soak stain », une technique consistant à imbiber la toile de coton sans apprêt avec  une peinture acrylique très diluée pour obtenir une surface riche et saturée. Frank Stella quant à lui introduit la courbe et compose un nouveau vocabulaire de formes et couleurs.

Le musée Guggenheim Bilbao accueille ainsi jusqu’au 8 janvier 2012 quelque quatre-vingt pièces d’une soixantaine d’artistes représentatifs de ces divers courants et souligne les étonnantes affinités entre artistes travaillant sur des continents différents.

Clémentine Gaspard, juillet 2011