Alain Delorme et Christian Gonzenbach

Deux artistes qui ont en commun  une approche subversive de la réalité pour mieux la dépasser

Le hasard faisant bien les choses, nous sommes conduits à rapprocher cette double exposition à la galerie parisienne Magda Danysz de l’exposition en cours de la Biennale du graphisme de Brno consacrée aux rapports entre surréalisme et graphisme : Uncanny, Surrealism and Graphic design. Non pas que les œuvres s’y ressemblent, mais plutôt parce que l’étrangeté, voire l’incongruité, des images est le moyen de recherche utilisé par tous ces artistes pour questionner la réalité et la dépasser.

Alain Delorme, des Little Dolls aux Totems
Alain Delorme est le lauréat 2007 du prix Arcimboldo grâce à ses Little Dolls, série de photographies de petites filles dont il vieillit et standardise les visages jusqu’à les rendre inquiétants plutôt qu’attendrissants. Un questionnement des apparences que l’on retrouve dans cette nouvelle série Totems exposée à la galerie Magda Danysz. Ces travailleurs chinois surchargés comme des bêtes de somme sont à la fois symboliques et contradictoires d’une société en pleine industrialisation. « Loin d’être un hymne au matérialisme, analyse l’historienne de la photo Raphaëlle Bertho, ces images mettant en scène la surabondance des objets basculent presque dans l’absurde et laissent entrevoir la complexité d’une société en train de se réinventer ».

Les Vanités de Christian Gonzenbach

Artiste plasticien, admirateur de Damien Hirst, le suisse Christian Gonzenbach aime jouer avec les codes des natures mortes, les vanités  telles qu’on les peignait ou collectionnait depuis 400 ans. Il avait déjà exposé en 2007 son Crâne de mortadelle à la galerie Magda Danysz en 2007 au milieu de lapins géants, il récidive ici avec un crâne en coquilles d’œuf ou un papillon brûlé. « Ma recherche, avoue-t-il, est d’explorer cette frontière ténue entre le normal et le bizarre, là où le monde perd son sens et bascule dans l’absurdité, le loufoque ou le poétique. »

Tout est dit, le reste s’expose à la galerie Magda Danysz, 78 rue Amelot, Paris 11ème, du 4 au 25 septembre 2010.

Clémentine Gaspard, septembre 2010