Histoire d'un dialogue ininterrompu
Formé dès son plus jeune âge à l'académisme des grands maîtres de la peinture, Picasso - qui inventa le Cubisme - a entrepris tout au long de son oeuvre une relecture critique des plus grandes oeuvres classiques. L'exposition du Grand Palais revient sur ce dialogue ininterrompu.
Organisée conjointement par la Réunion des Musées nationaux et les musées Picasso, du Louvre et d'Orsay, cette grande exposition se consacre à l'analyse des rapports complexes et passionnants qu'entretenait Pablo Picasso aux oeuvres des grands maîtres de la peinture classique.
L'art en héritage
Né au coeur du sérail artistique - son père est professeur aux Beaux-Arts et directeur du musée de Malaga - Pablo Picasso a été initiédès son plus jeune page aux merveilles du Greco, de Michel-Ange ou de Raphaël. Celui qui n'aurait jamais dessiné comme un enfant fut un jeune artiste virtuose, précoce maître académique médaillé dès ses 19 ans.
Subversion et relecture critique
Et c'est fort de ce savoir académique, aussi riche et exaltant qu'il a pu lui sembler pesant, que Picasso a entrepris de réinventer l'art pictural. Créateur du Cubisme, son désir de subversion resta intact tout au long de sa prolifique carrière artistique. Depuis sa première grande composition allégorique - "Derniers moments" en 1896 - jusqu'aux dernières toiles d'après Vélasquez, Titien ou Rembrandt en passant par la célèbre période des "variations" d'après Vélasquez, Delacroix ou Manet (1950-1962), sa démarche de relecture critique aura traversé toute son oeuvre.
Passé vs présent
Cette exposition présentée aux Galeries nationales du Grand Palais se veut un premier bilan. Forte de quelques 210 oeuvres rassemblées pour l'occasion et issues de prestigieuses collections internationales publiques et privées, elle confronte passé et présent au-delà des ruptures stylistiques et des innovations formelles, dans un parcours croisant approche thématique et chronologique.
Cannibalisme
Ce qui ressort in fine de l'approche des peintres classiques par Pablo Picasso, c'est son attitude presque cannibale à l'égard de leurs oeuvres. Il a ainsi érigé en système un étonnant principe : la peinture de la peinture. En rupture avec les procédés académiques et traditionnels - copie, citation, paraphrase... -, il leur a préféré la transposition, le mimétisme, le détournement ou la dénaturation. Fécondant par la même occasion le modus operandi de la création moderne et contemporaine.