Prix Canson 2016

Une lauréate afro-américaine pour ce prestigieux Prix du dessin d’art.

Sixième édition pour ce Prix organisé par le Fonds Canson, prix qui devient année après année une référence pour tous les artistes privilégiant le papier comme medium, que ce soit en dessin, en sculpture ou installation. Avec un scope délibérément international, comme en témoigne la composition du jury (deux Français sur neuf jurés cette année) et la remise du prix au Drawing Center à New York où les œuvres des cinq finalistes sont exposées jusqu’au 1er juillet 2016.

Njideka Akunyili Crosby, Prix Canson 2016
On ne peut qu’approuver le choix du jury, tant l’œuvre s’impose par sa richesse visuelle et sa subtilité. Njideka Akunyili Crosby compose des scènes d’intérieur intime, où l’on peut reconnaître l’artiste elle-même ou son mari dans un environnement mêlant modernisme occidental et références africaines. Elle combine pour ce faire le dessin, la peinture et le collage de photocopies de photographies diluées à l’acétone et réunies comme les motifs d’un tissu.

Née à Enugu au Nigéria en 1983, Njideka Akunyili Crosby vit et travaille à Los Angeles. Ses larges compositions figuratives évoquent là la fois la culture populaire nigérianne et la vie américaine. Elle utilise le langage visuel et les traditions de la peinture académique occidentale pour ses personnages et ses mises en scène, tout en l’inscrivant au coeur d’une zone d’entre-deux, que le théoricien post-colonial Homi K.  Habha définit de « troisième espace », c’est-à-dire un point de chevauchement et de mélange des cultures et des influences, propres aux communautés noires africaines.

Une autre Nigériane, ruby onyinyechi amanze figure parmi les nominés. Elle aussi vit aux USA et dessine des « récits graphiques » où les frontières ethniques ou culturelles sont abolies au profit d’un « réalisme magique ». Les trois autres nominés, tous anglo-saxons, s’inscrivent plus dans les canons du dessin contemporain, post-classique, avec des dessins volontairement simplistes (David Shrigley), des œuvres procédant par soustraction, interrogeant le langage (Bethany Collins) ou encore mêlant et manipulant matériaux et images (Lucy Skaer).

Clémentine Gaspard, juin 2016

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