Tomma Abts, Jockum Nordström et Pavel Pepperstein

Tomma Abts, Jockum Nordström, Pavel Pepperstein: les trois nominés de ce prix de la Fondation Guerlain.

Le mécénat d’art est une tradition de famille chez les Guerlain, et la fondation d’art contemporain animée par Daniel et Florence Guerlain perpétue cette tradition, notamment en organisant un Prix de Dessin dont les trois nominés font l’objet d’une exposition à la maison Guerlain sur les Champs Elysées jusqu’au 3 août 2015.

Jockum Nordström, Prix de Dessin Guerlain 2015
Jockum Nordström est né en 1963 à Stockholm, où il vit et travaille ; il a étudié au College of Arts, Crafts and Design, à Stockholm.

Avec la mine gracile de son crayon, le délié de l’aquarelle ou la construction des collages, Jockum Nordström conte des histoires dans lesquelles la mémoire de Stockholm se mêle à la sienne, faisant s’épouser le passé et le présent. « J’ai toujours été attiré par le temps d’avant, même petit, alors que je dessinais déjà. Toutefois, si mes dessins peuvent donner l’impression de renvoyer aux siècles anciens, pour moi, ils parlent d’aujourd’hui. » À tel point que même une architecture ou un animal évoquent pour l’artiste un être humain et ses passions. De là sont nées les multiples scènes érotiques et combinaisons debout, allongées, accroupies… traitant de l’homme, de la femme et des hiérarchisations dans nos sociétés.

Tomma Abts
Née en 1967 à Kiel, en Allemagne, elle est diplômée de la Hochschule der Künste de Berlin (1995), et s’est s’installée à Londres, où elle a reçu le prestigieux Turner Prize en 2006.

Tomma Abts retravaille de manière quasi obsessionnelle les lignes et courbes sorties de son imagination. Une sorte de méditation cartésienne et approche rigoureuse d’un ressenti indéfinissable, selon Tomma Abts, qui emploie souvent le mot « humeur » et dit savoir quand le travail est abouti, juste de manière intuitive et impalpable.

Pavel Pepperstein
« Réaliste psychédélique » selon sa propre définition, on pourrait croire Pavel Pepperstein, né en 1966 à Moscou, proche de l’art brut en voyant ses associations libres, voire surréalistes, que d’aucuns ont rapproché de la psychanalyse. Il faut regarder ses derniers travaux pour comprendre que l’actualité nourrit l’oeuvre de Pavel Pepperstein, résidant en Crimée. Certaines de ses aquarelles se nomment ainsi Debris of The Future ou encore The War in the Sea, mettant en action de volontaires triangles suprématistes face à de pauvres paysans. Son art se nourrit ainsi de références à l’histoire de son pays, aux mouvements suprématiste de Malevitch et constructiviste du XXème siècle. Sa réflexion politique et artistique a d’ailleurs été aiguisée très tôt par son père, le conceptualiste moscovite Viktor Pivovarov ou encore par son aîné, le plasticien Ilya Kabakov.

L’exposition  de ce Prix de dessin Guerlain, libre d’accès, est petite : elle tient dans un salon au-dessus de la boutique Guerlain sur les Champs Elysées. C’est aussi un bon prétexte pour visiter cette maison Guerlain, temple du luxe classique réaménagé par Andrée Putman en 2005 et l’architecte américain Peter Marino en 2013. Un cabinet de curiosités y abrite une collection de flacons de parfum Guerlain, aux formes néoclassiques élaborées, souvent avec des motifs d’abeilles rappelant le statut de fournisseur officiel de la cour de Napoleon III : un écrin tout en contraste avec le dessin contemporain aux formes épurées de ce Prix Guerlain !

Clémentine Gaspard, juin 2015