Salvador Dali

Prolifique, complexe, controversé, provocateur, immensément populaire : un génie à part entière.

Probablement l’exposition la plus courue de ce début 2013, on s’y bouscule et le Centre Pompidou l’ouvre en nocturne tous les soirs (sauf le mardi). Trente ans après une première grande rétrospective, plus de 200 œuvres sollicitent le visiteur, jusqu’au 25 mars 2013, pour un parcours à la fois chronologique et thématique pour mieux pénéter les arcanes du Maître.

Salvador Dali reste inclassable. Certes  surréaliste, il en rejette les automatismes pour laisser s’exprimer directement son génie « paranoïa-critique ». Il s’appuie sur un imaginaire sans rival, où montres molles et fourmis trahissent son angoisse du temps qui passe et de la mort. Les références sexuelles explicites abondent elles aussi et font scandale à l’époque. Il y rajoute la provocation gestuelle, faisant de sa personne et de son visage un instrument pour se construire une image de
« pervers polymorphe, demeuré et anarchisant».
Les médias raffolent dans les années 60 et 70 de ses interventions, il en use et abuse, se commercialisant aussi avec plus (le chocolat Lanvin) ou moins de bonheur. Déjà André Breton dans les années 30 lui avait collé le surnom de « Avida Dollars », anagramme de son nom. Sa facsination de l’autorité, toutes les autorités, même le franquisme, fait aussi partie du côté sombre du personnage.

Mais le public n’en a cure. Ses images mentales parlent à tous, les associations se font librement sans avoir besoin d’analyser la peinture comme chez son grand rival Picasso. Surgissement mental, provocation, médiatisation : Salvador Dali colle parfaitement à notre époque.

Clémentine Gaspard, mars 2013