Sol LeWitt

Géométriques, conceptuels, cinétiques, vibratoires, les dessins muraux de Sol LeWitt.

L’exposition de 33 fresques murales de l’artiste américain Sol LeWitt (sur 1 200 wall drawings créés entre 1968 et 2007,) au Centre Pompidou Metz jusqu’au 29 juillet 2013, est éphémère. A tous les sens du terme. Les œuvres ne feront pas l’objet d’un décrochage, elles seront tout bonnement détruites. Car aux yeux de Sol LeWitt, elles ne sont pas les œuvres proprement dites, elles n’en sont qu’une « présentation » ; l’œuvre elle-même est conceptuelle, elle réside dans le paragraphe d’instruction rédigé par Sol LeWitt et qui décrit le dessin.

La grande majorité des dessins ont été  conçus pour être effectués par d’autres que l’artiste. Comme énoncé par Sol LeWitt dès 1967, l’idée et le concept priment sur l’exécution. À l’instar de musiciens interprétant une partition, les dessinateurs exécutent ainsi à leur manière les formules géométriques indiquées par LeWitt, dans le respect de l’oeuvre énoncée. Les dessins muraux de LeWitt sont fondés sur  un vocabulaire de départ restreint avec des formes géométriques élémentaires (ligne droite, ligne brisée, carré, grille, arc, cercle…) ainsi qu’une évolution du vocabulaire vers des formes plus irrégulières et complexes telles les courbes et les boucles. Le traitement a également évolué avec l’emploi du crayon à mine, du pastel gras, de l’encre de Chine, de la peinture acrylique ou encore du graphite. Sol LeWitt n’a cessé d’explorer toutes les combinaisons possibles de systèmes finis (il n’a jamais travaillé sur la notion d’infini), où la répétition de formes et modules est conçue comme un récit à part entière.

Les murs font l’objet d’une préparation particulière, conformément aux préconisations de l’artiste. La préparation des murs consiste ainsi en de nombreuses couches de primaire et de peinture, les applications variant selon les techniques des dessins muraux (crayon à mine, pastel gras, lavis d’encre, peinture acrylique et graphite).

Né en 1928 aux États-Unis, à Hartford, Connecticut, Sol LeWitt étudie les beaux-arts à l’université de Syracuse (état de New York), puis à la Cartoonists and Illustrators School (aujourd’hui School of VisualArts) à New York. Il travaille ensuite comme graphiste dans le cabinet d’architecture d’I.M. Pei, puis en tant que réceptionniste au Museum of Modern Art. Identifié dans un premier temps à l’art minimal américain, LeWitt s’en détache rapidement pour favoriser une approche  conceptuelle de la création artistique, et définit les principes de sa pratique dans de nombreux écrits dont « Alinéas sur l’art conceptuel » (1967) et « Phrases sur l’art conceptuel » (1969), qui sont devenus des textes fondateurs de l’art conceptuel.

Les dessins muraux, que Sol LeWitt débute en 1968, à l’âge de 40 ans et poursuivra jusqu’à sa mort en 2007, constituent la pratique la plus emblématique de son œuvre. Certains rappellent par leurs effets de perspective les trompe-l’œil chers aux peintres et architectes de la Renaissance. Ou fascinent, hypnotisent presque à la façon des peintures de Vasarely. Comme une vibration subtile qui se détacherait du mur.

Clémentine Gaspard, janvier 2013