plus carte blanche à Noé Duchaufour Lawrance

Les dernières créations de tapisserie, tapis et dentelle de 15 artistes contemporains, plus une « carte blanche » donnée au designer Noé Duchaufour Lawrance.

Avec cette exposition « Tombée de métier » à la galerie des Gobelins à Paris jusqu’au 4 janvier 2017, le Mobilier national veut montrer la vitalité, l’inventivité, la diversité des savoir-faire textiles et en valoriser le potentiel créatif. Ses 5 manufactures (Gobelins, Beauvais, La Savonnerie, Alençon, le Puy-en-Velay) conservent des savoir-faire séculaires autour de la tapisserie et de la dentelle, et il s’agit de les projeter dans l’avenir. « Le potentiel expressif du médium textile se prête à la transposition de tous les types d’écriture, s’enthousiasme Marie-Hélène Bersani-Dali, directrice du département de la production du Mobilier national, de la figuration à l’abstraction, du noir et blanc à la couleur, des sujets les plus traditionnels aux sujets les plus décalés ! »

Effectivement, les 15 artistes contemporains invités recouvrent les styles les plus divers. Orientation spatiale paradoxale, tapisserie de velours en subtil dégradé de rouge de Nathalie Junot Ponsard, rappelle les monochromies rouges de Lucio Fontana. Sheila Hicks évoquerait plutôt Van Gogh avec son Champ ensoleillé balayé par le vent tissé aux Gobelins. Quant à Michel Aubry et Erik Boulatov, ils montrent que les compositions photographiques ou typo-graphiques s’accommodent fort bien des supports textiles. Bon, pour s’offrir un portrait géant (2,63mx1,70m) traversé de lignes par Klaus Rinke, il faudra sans doute payer autant que certains payaient un portrait signé Warhol : il faut quand même 608 jours de tissage pour le portrait plus 385 jours pour les lignes !

Et en bonus de cette très instructive « Tombée de métier », un clin d’œil signé du jeune designer Noé Duchaufour Lawrance. Commandité pour créer de nouveaux mobiliers par l’Atelier de Recherche et Création (ARC) du Mobilier National, tout comme ses aînés Pierre Paulin ou Matali Crasset, Noé Duchaufour Lawrence nous invite à nous projeter dans une maison abandonnée et son mobilier recouvert de housses blanches. Dans la pénombre du Salon Carré de la galerie, au milieu de voiles masquant des créations du designer, un bureau et sa chaise sont agrémentés d’une coque blanche composite en fibre de lin gainée de cuir. Pour apprécier pleinement l’humour de Noé Duchaufour Lawrance, ajoutons que le mobilier en question lui avait été commandé pour le bureau de Fleur Pellerin, et délaissé ensuite par Audrey Azoulay quand elle lui a succédé au ministère de la Culture.

Clémentine Gaspard, novembre 2016