Huit chefs d'oeuvre !/?

Son ambition : un nouvel ordre architectural basé sur les techniques modernes de construction comme le béton armé.

Moins connu que  Le Corbusier ou Jean Prouvé, Auguste Perret  (1874-1954) est une des grandes figures du modernisme en architecture. Fils d’un Communard exilé à Bruxelles, Auguste Perret revient en France dans les années 1880 et crée avec ses deux frères en 1905 Perret Frères, structure combinant cabinet d’architecture et entreprise de bâtiment. Du début du XXème siècle jusque dans les années 50, ils construiront nombre d’immeubles emblématiques dont certains (Le Havre) figurent sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Même leurs projets non retenus (palais des Soviets, colline de Chaillot) restent des références.

L’apport principal d’Auguste Perret réside dans son enthousiasme pour le béton armé comme  matériau de construction. Partisan d’une économie de moyens, combinant formes géométriques simples,  il est naturellement au croisement  du mouvement moderniste et de l’Art déco  dans les années 30. Il rêve de créer un nouvel ordre architectural, comparable aux ordres antiques, mais dérivé des techniques modernes de construction. Cet ordre du béton armé dont il élabore le modèle en 1937 au Palais d’Iéna trouvera, après la Seconde Guerre mondiale, un vaste champ d’application dans la reconstruction du centre-ville du  Havre.

A partir des années 60, l’esthétique change, le béton nu n’a plus vraiment la cote, et la renommée d’Auguste Perret périclite…  L’exposition « Auguste Perret : Huit Chefs d’oeuvre !/? » permet une redécouverte des 8 édifices majeurs réalisés par cet intellectuel constructeur, avec plus de 400 documents à la clé : dessins, maquettes, photos. Cette liste de chefs d’œuvre inclut  le Palais d’Iena lui-même, merveille d’Art déco construite par Auguste Perret en 1937 et qui abrite cette exposition gratuite jusqu’au 19 février 2014 dans sa salle hypostyle, avec une scénographie signé  OMA, l’agence du célébrissime architecte Rem Koolhaas. De quoi constater in situ la contribution d’Auguste Perret à l’architecture du XXème siècle.

Clémentine Gaspard, janvier 2014