Maarten Baas

Iconoclaste et fantaisiste, Maarten Baas s'amuse à dynamiter les règles du design.

Maarten Baas ne donne pas de justification de ses actes, il donne plutôt à découvrir et à penser avec ses meubles brûlés ou ses armoires déformées.

Né en 1978 à Arnsberg en Allemagne, Maarten Baas a suivi une formation en 2000 à la prestigieuse Design Academy d’Eindhoven alors dirigée par la très influente Lidewij  Edelkoort. Il sort diplômé en 2002, en présentant une série de meubles carbonisés qu’il intitule Smoke. Smoke est le point de départ d’un processus créatif singulier, consistant à carboniser aussi bien des pièces emblématiques du design historique comme la chaise Zig Zag de Rietveld, la chaise LCW de Charles et Ray Eames que des pièces plus récentes comme la chaise Favela des frères Campana ou des objets plus anonymes. Ces pièces sont méthodiquement brûlées par l’artiste puis solidifiées par de la résine.

 Après la collection Smoke, Maarten Baas propose au Salon du Meuble de Milan de 2006 sa série Clay Furniture. Le mobilier qu’il imagine alors est réalisé à partir d’une armature de métal recouverte d’argile synthétique colorée moulée à la main. Toutes les pièces sont uniques et semblent défier les règles du design fonctionnel tant elles paraissent instables,portant les traces du modelage et de proportions peu banales.

Suite à la série Clay, il présente au Salon du meuble de Milan en 2007 la série Sculpt. Là encore il perturbe les typologies traditionnelles en présentant des armoires, tables ou commodes comme vues dans un miroir déformant. Proportions monumentales et effets d’optique plongent le visiteur dans le monde de l’enfance et dans l’univers des contes de fées. Le procédé de fabrication qu’utilise Baas est particulièrement original : un modèle réduit est d’abord conçu grossièrementà la main. Il est ensuite agrandi à taille réelle, créant un décalage entre le modèle ébauché et la finition rigoureuse du meuble. 

Baas conserve un mode de fabrication « artisanal » en réalisant chacune de ses pièces à la main, assisté de dix collaborateurs. La plupart de ses créations sont donc des pièces uniques, numérotées et datées. C’est le cas de la série HeyChair… , destinée à devenir une bibliothèque. Elle est conçue à partir d’une chaise sur laquelle viennent s’assembler toutes sortes d’objets récupérés et unifiés par une même couleur.

 En 2009, Baas ouvre de nouvelles perspectives à son travail avec le concept Real Time. Grâce à la vidéo, il réalise un film de 12h00 mettant en scène des acteurs indiquant l’heure. Ces films remplacent le cadran et s’adapte à différents supports : DVD, ou horloge de type franc-comtoise jusqu’à l’application I-phone révélée au Salon de Milan en 2009 : du design au prix de 90cts, défiant toute concurrence ! Avec ce travail il prouve que le designer peut s’emparer de n’importe quel média.Au même moment l’éditeur anglais Established & Sons lui offre la possibilité de créer Chankley Bore, une série de mobilier qui l’éloigne davantage encore des typologies traditionnelles. D’une totale liberté formelle, les formes de ces objets sont purement intuitives.

Maarten Baas bouleverse les idées préconçues. Il s’est forgé son propre univers, bousculant joyeusement les limites du design afin de montrer une autre réalité faite d’étrangeté, d’effets d’optique, d’illusion, de jeu. En cela il s’inscrit dans la lignée du collectif néerlandais Droog Design qui, les premiers, ont posé les bases d’un design subversif et iconoclaste. Dans l'esprit, il est aussi cousin du collectif anglais Glitch fiction que l'on a pu récemment voir à la Paris Design Week.

L'exposition est à dénicher au-dessus de l'exposition Goudemalion, en allant jusqu'au dernier étage du musée des Arts Décoratifs, jusqu'au 12 février 2012, se visite rapidement mais permet de se familiariser avec le talent de Maarten Baas. Nous vous la recommandons d'autant plus qu'en "bonus", dans l'antichambre, vous découvrirez une série d'acquisitions récentes du musée, dont des "séparations" des frères Bouroullec qu'il faut autrement aller voir jusqu'au centre Pompidou de Metz.

Paul Schmitt, décembre 2011