Regards en construction: le tribunal de Paris

La vision des étudiants en photographie des Gobelins sur le chantier du nouveau palais de justice de Paris.

Le tribunal de Paris, comme le siège de la police, est inséparable dans notre imaginaire de l’Ile de la Cité. Cela va changer prochainement : l’ensemble des services du tribunal de grande instance, le tribunal de police et les tribunaux d’instance vont déménager pour se regrouper dans un nouvel immeuble le long du périphérique dans le 17 ème arrondissement. Cette structure à façades en verre, conçue par l’agence Renzo Piano, offrira 100 000m2 de surface pour 160m de hauteur : un « gratte-ciel » qui a longtemps fait polémique et qui sera structurant pour le quartier de Clichy-Batignolles. Sur une base de six étages épousant la forme en L du terrain s’élèvent déjà trois parallélépipèdes en décrochage l’un par rapport à l’autre, offrant ainsi de vastes terrasses plantées. Et l’immeuble sera bien sûr écologique : inertie thermique, recours à la ventilation naturelle, intégration de panneaux photovoltaïques à la façade, récupération des eaux pluviales, etc. L’achèvement du bâtiment est prévu en 2017.

Grâce à un partenariat avec l’Etablissement Public du Palais de Justice de Paris, 34 étudiants du département photographie de l’Ecole des Gobelins ont mené au cours du printemps 2016 un projet documentaire sur le futur tribunal de Paris, son environnement et ses acteurs. Encadrés par leurs professeurs et une iconographe professionnelle, les étudiants ont travaillé avec des magistrats, des fonctionnaires du Tribunal de Grande Instance, des avocats, des collaborateurs et bien d’autres acteurs. Pour les enseignants des Gobelins, il s’agissait de dépasser un cadre purement scolaire, d’impliquer les étudiants dans un projet passionnant, en leur ouvrant les portes à des situations ou des lieux rares et difficiles d'accès. Côté étudiants, le travail s’est concrétisé par des allers- retours entre la prise de vue et la construction d'une série cohérente, reflétant la diversité des situations et de leurs sensibilités.

Le résultat est à voir à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé (conçue également par Renzo Piano) à Paris jusqu’au 3 décembre 2016. 150 photos y donnent leur vision de ce projet hors norme, mais aussi de son contraste avec le monde de la justice et ses rituels surannés.

Clémentine Gaspard, novembre 2016