Jeune et moderne !

Grand-messe annuelle de la communauté graphique internationale (avec Echirolles, en novembre), le Festival de Chaumont transforme chaque printemps la paisible bourgade haut-marnaise en Croisette de l'esthétique contemporaine. Même les stars sont là !
Découverte...

Cette année, affublé d'un monstre chocolaté en guise de mascotte, le Festival International de l'Affiche et des Arts Graphiques de Chaumont a choisi de rendre hommage à la jeunesse.
Jeunesse du néerlandais Richard Niessen dont le travail graphique est aussi poétique qu'expérimental.
Jeunesse d'une scène contemporaine hexagonale aussi diverse que foisonnante.
Jeunesse, enfin, du pourtant décédé Paul Rand. Jeunesse pourtant car son travail illustratif, graphique et publicitaire aura toujours été en amont des courants visuels, frais, tonique, renouvelé.

Chaucomont, le monstre chocolaté

Etonnante affiche cette année pour célébrer la 18e édition du Festival. Cet un monstre étrange et dégoûlinant qui accueille les visiteurs. Créé par le graphiste suisse Mathias Schweizer. Comme un pied de nez à la démultiplication marketing des mascottes (on pense à celle de la SNCF, de Cetelem, de Nesquik ou encore de Banania), le jeune créatif de 34 ans a imaginé un monstre de chocolat armé d'un pinceau. L'affiche se décline en plusieurs versions sur lesquelles Mathias Schweizer intervient en typographie ou en motif.

Paul Rand : l'hommage à un graphiste moderne

Montée par le grand graphiste Pierre Bernard en collaboration avec Marsha Emanuel (chargée de mission pour le graphisme au Ministère de la culture, elle est américaine d'origine), cette exposition rend hommage Paul Rand, célèbrant en lui la figure majeure du graphisme du XXe siècle.
Natif de Brooklyn où il voit le jour en 1914, Paul Rand aura développé, jusqu'à son décès en 1996,  une oeuvre personnelle, toujours moderne, unique bien qu'inspiré du modernisme européen. Le Bauhaus, Dada, de Stijl ou le Cubisme auront guidé ses pas sans jamais l'étouffer, lui permettant simplement de renverser les codes graphiques alors en cours aux Etats-Unis. Pragmatique tout autant que créatif, Paul Rand aura surtout réussi à convaincre les grandes marques - ses clientes - de l'importance et de la respectabilité du design graphique. Avec lui, IBM, UPS ou bien Westinghouse ont su développer une grammaire visuelle efficace et esthétique. Théoricien de la chose, enseignant à Yale, il aura toujours pris en compte les réalités culturelles, sociales et intellectuelles de son métier. Et reste toujours, plus de dix ans après sa mort, un vrai graphiste moderne.

L'oeuvre de Paul Rand est exposée aux Silos/Maison du Livre et de l'Affiche ainsi qu'au Musée de la Crèche.

Richard Niessen, TM-City

C'est à la Chapelle des Jésuites qu'est exposé le travail du jeune graphiste néerlandais Richard Niessen. On se souvient d'avoir (re) découvert dans cette même chapelle, les années précédentes les "ornements baroques" des M/M (Paris) et les expérimentations typographique de Pierre di Sciullo. La belle chapelle s'affirme donc comme LE lieu où s'affichent toutes les audaces graphiques. Et Richard Niessen, 35 ans, ne déroge pas à la règle. Diplômé de la Gerrit Rietveld Academie d'Amsterdam dans laquelle il enseigne depuis 2002, il travaille comme graphiste freelance et fréquente assidument son compatriote Harmen Liemburg avec lequel il a travaillé sous le nom de Goldenmasters. L'exposition TM-City s'appuie sur le concept TM (pour Typographic Masonry) qui structure son travail.  Un concept développé à l'issue de la visite d'une exposition consacrée à l'architecte batave Henricus Theodorus Wijdeveld, plus célèbre pour ses théories philosophiques et culturelles que pour ses - rares -constructions. Traduit graphiquement par Richard Niessen, ce concept très "constructiviste" de Typographic Masonry réside en des motifs géométriques constituant les éléments de base d'élaborations graphiques stratifiées, ludiques et colorées. On parle ici d'abstraction, plus du tout de narration.

Les expérimentations de Richard Niessen sont visibles à la Chapelle des Jésuites.

Impressions françaises : la jeune garde hexagonale

Pilotée par Etienne Hervy et Vanina Pinter, journalistes au magazine Etapes :, cette exposition propose une large sélection subjective de graphistes indépendants et de studios français. Au-delà du témoignage - oui, le graphisme hexagonal se porte bien, très bien -,  l'exposition entend comprendre et mettre à jour les orientations prises par cette jeune scène française au travers de huit grands thèmes : l'édition, la communication, la typographie, l'écran, le commerce, le champ social, la signalétique/l'espace, l'art et l'identité.
Rafraîchissant et instructif.

Impressions Françaises s'expose au Garage.

Le Concours international d'affiches & le Concours "Etudiants, tous à Chaumont !"

Véritable "Palme d'Or" de ce festival chaumontais, la remise des prix des Concours est toujours un événement.

Cette année, du côté des professionnels, le premier est allé aux néerlandais Maureen Mooren et Daniel Van der Velden pour leur série d'affiches Holland Festival, Melancholia & Hysteria, réalisée cette année.
Le deuxième prix a récompensé le suisse Niklaus Troxler et son affiche Willisau Jazz Festival, Marty Ehrlich Quartet NY, créée en 2006.
Enfin, le troisième prix a célébré le grand graphiste israélien David Tartakover avec ses deux affiches célébrant la paix, l'une en hébreu, l'autre en arabe - Stop the war ! - datées de 2006.
A noter que l'Excellence Award de l'Icograda a été remis à l'Allemand Gunther Rambow, du studio Rambow + Van de Sand pour l'affiche Der Kleine Prinz (le Petit Prince), réalisée en 2006.

Du côté des étudiants, qui planchaient sur le thème ô combien consensuel du "Réchauffement de la planète", le Premier Prix est allé à Alice Walter de l'Ecole des beaux-arts de Rennes. Le Deuxième Prix ex-aequo a récompensé Brice Tourneux de l'Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et Thibault Brassart représentant, lui, l'Ecole Supérieure d'Art de Cambrai. Enfin, le Troisième Prix ex-aequo va aux créations de Nicolas Filloque venu lui de l'Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris, d'André Jauneau de l'Institut supérieur des arts appliqués de Rennes et du parisien Frédéric Tacer représentant l'Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art Olivier de Serres.

Les participants aux concours sont exposés à l'Entrepôt des Subsistances.

Léonor de Bailliencourt - Mai 2007

Jusqu'au 24 juin 2007.
Ville de Chaumont (52).