Une 19e édition placée sous le signe de la Suisse

Comme le printemps qui revient chaque année, aux beaux jours s'ouvre le Festival de Chaumont. Au menu, comme toujours, un poil de légende, un zeste d'audace, une pincée de prospective et toujours le prestige des concours professionnels et étudiants.

L'édition 2008 du Festival International de l'Affiche et du Graphisme de Chaumont, 19e du genre, met à l'honneur des talents protéiformes : de l'illustrateur Paul Cox à l'énergique scène graphique zurichoise, de la légende de l'Ecole Suisse Josef Müller-Brockmann à la jeune française qui monte - Fanette Mellier.... Et bien d'autres encore !

Direction la Suisse !

Le Festival 2008 met l'accent sur la Suisse. Ce petit pays montagneux a donné au graphisme mondial certains de ses plus talentueux individus. Le Festival propose deux expositions complémentaires.

Josef Müller-Brockmann

La première, historique, est une rétrospective de l'oeuvre de Josef Müller-Brockmann. Graphiste, typographe, élève puis enseignant de la célèbre Kunstgewerbeschule (école des arts et métiers) de Zurich qui transmis les préceptes du Bauhaus à toute une génération de graphistes helvètes (parmi lesquels Peter Knapp et Jean Widmer), il fut l'un des hérauts du Style International (ou Style Suisse).
Membre de l'AGI (Alliance Graphique Internationale) dès 1951, il développe une approche constructuviste du graphisme. Influencé par la Bauhaus, construisant une oeuvre parfois abstraite à la typographie omniprésente, couvert de prix et de dinstinctions, Josef Müller-Brockmann décède le 30 août 1996 à Zurich, il a 82 ans.

Cervelatica

Chaque année à Chaumont, le Garage explore les scènes graphiques contemporaines. Après Berlin, Arnhem, Londres et la France, c'est donc au tour de Zurich de dévoiler ses talents. Loin des clichés, au-delà de la fascination par principe, l'exposition entend démontrer la vivacité mais également la fraîcheur du graphisme suisse de ces quinze dernières années. Dans le respect de l'héritage d'un Müller-Brockman ou d'un Armin Hoffmann mais libéré de leur ombre tutélaire, c'est bien l'émergence d'un "graphisme suisse  2.0" (comme le qualifie Martin Lötscher, commissaire de l'exposition et directeur de la revue SoDA, magazine d'art et de culture). A découvrir, donc, sous les hauts plafonds du Garage, les affiches d'Alex Trüb, Martin Woodtli ou Flag.

Paul Cox

Cette année, après M&M ou Pierre Di Sciullo, c'est le graphiste et illustrateur français Paul Cox qui s'installe à la Chapelle des Jésuites. Au coeur de cette architecture riche et baroque, Paul Cox a choisi de ne montrer qu'une seule oeuvre, monumentale : "Uncle Toby's Bowling-Green (le bouligrin d'oncle Toby)". Cette immense table de 13 mètres de long sur 10 mètres de large supporte un paysage de montagnes, de collines et de vallons, orné de routes, d'inscriptions cartographiques, de signalétiques en tout genre et de petites architectures. Les visiteurs peuvent faire circuler de petites balles au milieu de ce paysage. Le titre de la pièce fait référence au roman "La vie et les opinions de Tristram Shandy, gentleman" de Laurence Sterne et à la maquette (le boulingrin) qui y occupe une place centrale.

Mai 68

Festival d'affiches, Chaumont ne pouvait évidemment feindre d'ignorer les quarante ans de Mai 68, qui fut une période d'intense création graphique. Mais parce que ce joli printemps d'il y a 40 ans ne fut pas le seul moment de contestation par le papier, Alex Jordan - co-directeur artistique du Festival - a choisi de porter un regard différent sur l'événement. Avec l'exposition "Le cri du papier", il met ainsi en perspective une caricature de 1890 tirée d'un journal anti-boulangiste et une sélection d'images fortes issues du mouvement ouvrier et estudiantin.

Circus

Dans le cadre de sa résidence à Chaumont, en 2007, la jeune graphiste Fanette Mellier crée un parcours typographique urbain à partir d'un texte de l'auteur Laure Limongi. Le public est ainsi invité à parcourir les rues comme les pages d'un livre.

N'importenawak

Le "n'importenawak" en question est une série d'affiches du graphiste et typographie Pierre Di Sciullo sur le thème ô combien ludique du grand n'importe quoi. Proclamant des choses et leur contraires, elles seront collées puis recouvertes selon un rythme bien défini, toute la journée du samedi 24 mai, puis deux fois par semaine pendant toute la durée du Festival.

L'affiche du Festival

Elle est signée cette année par Frédéric Teschner, un ancien des studios de Pierre Di Sciullo et Pierre Bernard. Son affiche, une mise en abime, le montre en train de présenter son affiche... De là à dire qu'à Chaumont le graphisme se regarde se regarder et finit par tourner en rond... Un pas qu'on ne franchira pas...

Concours

Parallèlement aux exposition, les temps forts du Festival sont les deux concours, celui des professionnels - ultra-prestigieux - et celui des étudiants. Pixelcreation.fr vous transmettra évidemment les résultats de ces deux compétitions dès qu'ils seront publics.

Lauréats des Concours de l'édition 2008 de Chaumont

Voici les professionnels :

1er prix
Annik Troxler, Intimities,
2007, Suisse

2e prix
Erich Brechbühl (Mixer), Die Arabische Nacht,
2007, Suisse

3e prix
Masayuki Terashima (Terashima Design and Co.), Poster exhibition
2007, Japon

Icograda Excellence Award
Piotr Mlodozeniec, Hamlet,
2006, Pologne

Et du côté des étudiants, voici le palmarès :

1er prix
Kerstin Goehlich & Susanne Probst, HFG,
Offenbach, Allemagne

2e prix ex-aequo
David Rabau,
St Lucas, Bruxelles, Belgique

2e prix ex-aequo
Valentin Adam, ENSAAMA-Olivier de Serres,
Paris, France

3e prix ex-aequo
Mimosa Echard, ENSAD,
Paris, France

3e prix ex-aequo
Kagna Toung, ESAD,
Strasbourg, France

3e prix ex-aequo
Sandrine Nugue, ESAD,
Strasbourg, France

Léonor de Bailliencourt - Mai 2008
Du 24 mai au 6 juillet 2008.
Festival International de l'Affiche et du Graphisme, Ville de Chaumont (52).

Les meubles et objets innovants et bien pensés, récompensés cette année par un jury de professionnels du design, s'exposent à la galerie VIA jusqu'au 29 juin.

Chaque année, un jury de professionnels du design offre à une large sélection de produits lancés sur le marché dans les mois passés le label VIA. Leur point commun : ils sont le fruit de la collaboration entre un industriel et un designer français et témoignent de façon pertinente et originale, d'une démarche innovante en terme de matériaux, de technologie, de fonction ou de style.

De Pascal Mourgue qui édite depuis des années ses meubles et canapés chez Ligne Roset, à Baccarat qui offre son célèbre cristal à l'imaginaire d'Yves Savinel et Gilles Rozé, d'Arik Lévy, qui comme toujours hésite entre art tout court et arts appliqués, aux meubles étonnants de François Azambourg, la sélection met en lumière toute la créativité et l'audace du design français et de ses éditeurs, qui osent faire fabriquer des meubles ou objets parfois exigeants.