Dossier papier (suite)

Sappi : l'autre façon d'être créatif

Chez Sappi, on ne fait pas de papier de création à proprement parler mais on s'intéresse terriblement aux créatifs. Avec son concours « Ideas That Matter », qui existe depuis six ans, le numéro 1 mondial du papier couché sans bois s'est forgé une vraie réputation de marque créative et réactive, en phase avec les bouleversements sociétaux en cours. En effet, chaque année en association avec l'Icograda (International Council of Graphic Design Associations), « Ideas That Matter » propose aux créatifs du monde entier de choisir uneassociation à but non lucratif et de prépareravec elle et en tout cas pour elle une campagne de communication écrite. Les vingt projetsgagnants se voient attribuer une bourse de 50 000 euros maximum pour « couvrir certains frais personnels et la réalisation complète d'une campagne de communication écrite. » C'est-à-dire les frais de photographie,les illustrations,les films, le papier, l'impression, les mailings, etc...

 

Favini : Pierre Vincent est de retour !

En voilà un autre qui, sans jamais vendre de papier de création, avait réussi à s'imposer comme le papetier des créatifs : Pierre Vincent, alors président de Trebruk France (devenu par la suite Arctic Paper). Aujourd'hui directeur commercial de Favini France, installé à Montrouge dans de grands bureaux qu'il souhaite provisoire, il jubile devant la richesse des gammes « papier fin » proposées par son nouvel employeur et, grande gueule comme un certain Emeric Thibierge, il rentre aussi dans le tas, bousculant la morosité ambiante : « Avec le papier de création, nous sommes typiquement sur un marchéque l'on doit créer. L'exemple-type, c'est le Munken d'Arctic Paper :il n'était pas un papier de création,mais onl'a positionné comme tel. » Avec succès, soit entendu. Une louche de créativité, la main à la pâte et une bonne dose d'audace, voilà la recette magique du touche-à-tout Pierre Vincent, pas peur fier de présenter un à un les petits bijoux de l'italo-batave Favini. Il faut avouer qu'entre le « casting release », étonnant « papier » disponible à la matériauthèque branchée MateriO et dont la fonction est de marquer des motifs pour les faux cuirs utilisés dans la mode et l'automobile. « Nous travaillons en étroite collaboration avec le bureau de style Didier Galerne pour créer nous-même des motifs qui soit en phase avec les tendances en mode et en décoration.

Rejoignant encore en cela Emeric Thibierge, Pierre Vincent prête une attention toute particulière aux tissus d'ameublement et se réjouit de la qualité des – 5000 – couleurs proposées pour ses gammes de papier. Autre motif de satisfaction : l'engagement réel de Favini en faveur de l'écologie et plus généralement du développement durable. Un engagement qui s'est matérialisé avec le lancement de Shiro, une gamme de quatre papiers aussi séduisants qu'intrigants. Ainsi, Alga Carta contient des algues de la lagune de Venise, Recycled est un beau recyclé, Fruit Paper est lui fabriqué à partir de déchets ultimes de fruits et Tree Free est fabriqué sans bois. « Aujourd'hui, on sent une vraie envie des annonceurs pour une communication sur des papiers qui respectent l'environnement. » Une tendance au retour à la nature, donc au brut, mais également aux matières douces et aux couleurs, flashy.

In fine...

Dans ce marché un peu morose, où les distributeurs sont soumis aux contrôleurs de gestions et rationnalisent à tour de bras, dans un secteur où les prescripteurs (les commerciaux qui vont proposer leur papier aux imprimeurs) sont l'objet d'une « véritable erreur de casting », selon les mots de Pierre Vincent, il faut que le créatif se sente accompagné par « son » papetier. Et Pierre Vincent de s'insurger contre cette profession qui parfois oublie qui sont ses clients, ces commerciaux qui ne vont jamais voir une exposition, ne vivent pas comme les créatifs qui utilisent leur papier. « On devrait avoir notre bureau dans une cour dans le 11e », s'emporte Pierre Vincent. « Avec un showroom, un endroit chaleureux pour papoter, boire un café... Car quand le graphiste nous reconnaît comme un partenaire, c'est vers nous qu'il se tourne, en dépit du prix. »