Graphisme contemporain et engagement

Un best-of du graphisme politique en France.

Les liens entre engagement politique et création graphique sont anciens et nourris en France. Et nous avons tous en tête les affiches revendicatrices ou vengeresses produites pendant et après la période de mai 68. L’exposition « Graphisme contemporain et engagement(s) » ne remonte pas si loin, elle se focalise sur la production graphique à usage politique et social depuis le début des années 2000. Et quelque 250 travaux de 27 graphistes sont ainsi mis en valeur (et en entrée libre !) » à la BnF François Mitterrand jusqu’au 22 novembre 2015

Le légendaire collectif Grapus (1970-1990), qui a tant influé sur la création française, n’y figure donc pas. Mais nombre de ses têtes de file toujours actifs sont ici présents : Pierre Bernard et son Atelier de Création Graphique, l’atelier Nous Travaillons Ensemble d’Alex Jordan, ainsi que Gérard Paris-Clavel etVincent Perrottet. Ruedi Baur,Alain Le Quernec,Michel Quarez et Pierre di Sciullo sont bien sûr de la partie, comme ils l’étaient déjà lors des précédentes expositions thématiques « Graphisme et création contemporaine » et « Graphisme contemporain et patrimoine(s) » à la même BnF.

On découvre surtout une nouvelle génération de designers, des graphistes disséminés à travers la France et engagés sur leur terrain local. Si ses travaux sur le graphisme cubain ont donné une notoriété à Régis Léger/Dugudus, il n’en est pas de même pour tous. Voilà donc l’occasion de mieux apprécier le travail de Formes Vives, de Jil Daniel et Sébastien Marchal (dans la même travée), de Vanessa Vérillon, de Fabrication Maison et bien d’autres.

Avec une constante à travers les générations : le graphisme à usage politique est rarement lyrique. Il se veut démonstratif et pédagogique, emploie des mots qui claquent et qui dénoncent plutôt que des visuels qui font rêver. Un graphisme de terrain, soucieux de rester abordable par tous.

Paul Schmitt, septembre 2015