Cinquante années typographiques

Née en 1957 à Münchenstein, la typographie Helvetica continue, du haut de ses 50 ans, à charmer les graphistes et designers du monde entier. Panasonic, Lufthansa ou encore Evian l'ont véritablement consacrée, en l'utilisant dans leurs logos. La boutique Colette a, elle aussi, cédé à la tentation, en proposant une exposition hommage à la grande dame suisse. Portrait d'une coqueluche devenue culte.

L'incontournable

S'il existe des typographies intemporelles, Helvetica en est l'une d'elles. Nombreux sont les logos, les signalétiques ou les t-shirts sur lesquels cette linéale s'est instituée. Gary Hustwit, auteur de divers documentaires musicaux, a choisi de consacrer un film à l'histoire de cet alphabet, souvent confondu à tort avec l'Arial. " Pourquoi faire un film sur une typo, et une seule comme Helvetica? Parce qu'elle est partout autour de nous. " déclare-t-il. D'une neutralité implacable, Helvetica se prête en effet à tous les usages, comme l'énumère Massimo Vignelli, l'une des personnalités interrogées. " Je peux tout dire en Helvetica. Si je veux dire un je t'aime passionné, je choisirais simplement Helvetica Typeface Bold, en revanche, si je le souhaite plus distancé, il s'écrira en Helvetica Typeface Light. " s'amuse-t-il. Alfred Hoffmann, fils d'un des concepteurs, témoigne de la rigueur avec laquelle la reine des typographies a été conçue, à travers les notes de son père adressées à Miedinger : " La capitale « Y » est trop fine."
Ainsi, si ce caractère semble construit dans une graisse uniforme, il a cependant été remanié à multiples reprises, dans ses pleins et ses déliés, avec pour but ultime : l'harmonie optique.

Ville, vie et typographie

Centrée sur le documentaire de Gary Hustwit, l'exposition propose aussi au visiteur un panorama des usages de l'Helvetica depuis sa création à nos jours. Les pochettes de disques de David Bowie, Rare, de Michael Jackson, Bad ou encore de Bob Dylan, Greatest Hits témoignent ainsi du lien indéniable entre cette typographie et le succès. Le choix d'une typographie est d'ailleurs comparé à l'importance vestimentaire. Il semble en effet qu'Helvetica soit de ces sujets qui mettent tout le monde d'accord. "A mes débuts, je trouvais Helvetica austère, aujourd'hui, je dois l'admettre, elle est essentielle," confie Paula Scher, graphiste et typographe. Rencontre clée dans la vie d'un graphiste, Helvetica apparaît comme une entité de référence, comme l'explique l'ouvrage Helvetica, Homage To A Typeface, aujourd'hui en cours de réédition.

Une exposition qui devrait faire mûrir l'oeil d' "un public de novices, qui pensera à deux fois en utilisant et en lisant les mots qui nous entourent ", résume Gary Hustwit, commisaire de l'exposition et réalisateur du film Helvetica (www.helveticafilm.com).

Agathe Hoffmann – Septembre 2007

Jusqu'au 29 septembre
Colette, 213 rue Saint-Honoré, Paris 1er.
Du lundi au samedi, de 11h à 19h.