La publicité au secours des grandes causes

On connaît le graphisme engagé. Moins la publicité d'utilité publique. Souvent vilipendée, bras armé d'une société de consommation débridée, la pub tient pourtant parfois le beau rôle. Quand ses talents se mettent au service des grandes causes, affiches et films démontrent qu'humanité et efficacité peuvent se marier sur les murs de nos villes. Graphistes célèbres et agences prestigieuses s'affichent au Musée de la Pub. Pour la bonne cause.

Famines, épidémies, dictatures, quart-monde... Parce qu'ils savent marquer les consciences, parce que leur travail consiste à interpeler et faire passer des messages, les publicitaires - mais aussi les graphistes et quelques cinéastes -  mettent régulièrement leur talent au service de grandes campagnes de sensibilisation.

Affiches et films

En 120 affiches et autant de films, l'exposition "La publicité au secours des grandes causes" expose la façon dont cette communication s'est développée pour frapper les consciences. Drôles ou bouleversantes, les créations présentées au Musée de la Publicité se répartissent en six sections : Les droits de l'homme, L'humanitaire, L'écologie, La santé, L'aide sociale, L'éducation et Le Civisme.

1970 : graphisme d'utilité publique

L'exposition propose de remonter le fil de la communication institutionelle.
Dans les années 1970 quand apparaissent Médecins sans Frontières et le phénomène des French Doctors, ces derniers n'ont aucun budget pour mettre en lumière leur action, leur cause. Ils font alors naturellement appel à des graphistes de leur entourage, partageant les mêmes convictions politiques, plutôt pas mal à gauche. C'est l'ère du "graphisme d'utilité publique" sublimé par le collectif Grapus fondé par Pierre Bernard et François Miehe. C'est le règne de l'affiche, media direct, immédiat, impactant. Roman Cieslewicz, Alain Le Quernec apportent également leur pierre efficacre à l'édifice humanitaire.

1980-1990 : la pub entre dans le jeu

Plus tard, l'action des diverses associations se professionnalisant, les grandes agences de publicité font leur entrée dans le jeu humanitaire. C'est que la concurrence fait rage entre les ONG, que leurs actions se spécialisent et que les discours risquent d'être brouillés. C'est tout l'art des publicitaires que d'apporter discours "vendeur" à ces professionnels de l'aide à autrui. L'illustration chère aux graphistes cède alors du terrain face aux photo-journalisme choc préféré par les créatifs venus de la publicité.

Depuis 1990 : mise en scène de la réalité

Depuis la fin des années 1990, le photo-journalisme choc n'est plus forcément synonyme de succès pour les campagnes humanitaires. Et c'est de plus en plus souvent une mise en scène astucieuse et marquante de la réalité qui est privilégiée. Le meilleur exemple de cette nouvelle approche étant la dernière campagne pour la Fondation Abbé Pierre dont nous avions parlé ici et qui met en scène des gens habitant dans le volume des supports publicitaires où sont présentées les affiches (4x3, sucette Decaux, etc).

Une exposition très instructive, donc, qui témoigne de prégnance plus ou moins importante du discours humanitaire dans le brouhaha qui nous abreuve au quotidien.

Léonor de Bailliencourt - Janvier 2010
Du 11 février au 9 mai 2010.
Musée de la Publicité, 107 rue de Rivoli, Paris 1er.
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu'à 21h. Fermé le lundi.