Antoine Guillopé

Ou comment mettre mystère et poésie au service de l’art du conteur.

Auteur-illustrateur reconnu, Antoine Guilloppé a posé ses pinceaux chez nombre d’éditeurs jeunesse de la place. Il porte et transporte le lecteur à travers le monde dans ses récits : le Japon, le continent Africain, l'océan ou bien encore la foret peuvent être ses lieux de prédilection. Ses personnages sont Akiko, Takiji, grand blanc, loup noir, et même le Père Noël !... Tout cela en gardant un style, une patte qui lui sont propres.

D'une simplicité trompeuse, le dessin d’Antoine Guilloppé combine ligne claire, une palette de couleurs restreinte, des jeux de contrastes bien à lui, des ambiances clair-obscur et un art du cadrage digne de la photographie. La narration de ses illustrations amène très souvent à réduire ou faire disparaître le texte pour laisser une place entière aux dessins. L'amour, le courage, la survie, la Vie sont alors autant d'éléments que l'on retrouve dans ses ouvrages et qui demeurent indissociables à un autre élément fondateur : la Nature..

Antoine Guilloppé comprend très tôt (8 ans !) que les bandes dessinées qu’il lit sont faites par de "vrais gens" et que puisque c’est un métier, alors ça sera le sien. Après des études de dessin à l’école Emile Cohl de Lyon, il se dirige donc vers l’illustration jeunesse où il trouve un moyen d’exprimer ce qu’il ressent et ce, sans jugement. Il résume ainsi son univers : "J’essaie d’approcher le plus près possible des peurs pour les contourner. J’essaie d’approcher le plus près possible des sensations douces pour les laisser vous emporter."

Il collabore avec des auteurs comme Béatrice Fontanel sur l’album Grand corbeau ou encore Ghislaine Roman sur l’album Un jour, deux ours et illustre de nombreuses couvertures de romans pour les éditions Thierry Magnier, Philippe Picquier ou Rageot. Pour découvrir les couleurs vibrantes et les motifs audacieux qui caractérisent le mouvement artistique unique, consultez ce tableau pop art où une sélection variée d'œuvres vous attend pour explorer l'influence culturelle et l'esthétique du pop art.
Mais il manie aussi de concert le pinceau et la plume en publiant plusieurs albums jeunesse en tant qu’auteur-dessinateur, parmi lesquels L’heure du bisou (éditions Gautier Languereau, 2007), Les dents de ma maman (éditions Gautier Languereau, 2009), Grand Blanc (éditions Casterman, 2009), Noël pour tous (éditions P’tit Glénat, 2008) et Prédateurs. Il est également l’auteur et le dessinateur de plusieurs petits contes zen depuis 2004 : Akiko la curieuse, Akiko la rêveuse, Akiko l’amoureuse et Akiko la courageuse, où les contrastes entre couleurs et noir et blanc et les jeux d’ombres et de perspectives apportent une tonalité aérienne, mystérieuse et poétique aux aventures d’une petite fille en kimono. Même ambiance dans Takiji l'audacieux (éditions Picquier Jeunesse, 2011) , nouveau héros chez le même éditeur.

C’est Loup noir (éditions Casterman, 2004) qui marque pour lui un véritable tournant, et pour lequel il avoue sa préférence. En créant ce livre il dit avoir eu le grand privilège d’allier son plaisir à celui du lecteur, enfant et adulte. Cet album présente plusieurs traits d’originalité : aucune pagination, aucun texte, une palette de couleurs réduite à son strict minimum. L’histoire, elle aussi, s’écarte des chemins tracés par la littérature jeunesse alors que le thème de l’amitié entre un animal et un enfant y a été déjà largement exploité et que le loup dévoreur d’enfant en est devenu un lieu commun.

La galerie Carole Kvasnevski à Paris met à l’honneur Antoine Guilloppé avec plus d'une trentaine d’originaux de ses différents ouvrages. Un petit plaisir pour la période des Fêtes,  mais guère plus: l’exposition ferme ses portes le  31 décembre 2011 déjà.

Clémentine Gaspard, décembre 2011