Blackfury de Stéphane Goddard

DA en publicité, illustrateur reconnu, Stéphane Goddard passe à la BD.

On peut être graphiste et créatif en publicité, passionné de sport, et céder à la tentation de la BD. Stéphane Goddard le prouve avec Blackfury, une BD de superhéros très graphique qui sort en septembre 2016 chez Ankama Editions, et dont les premières ilustrations de ce nouvel univers se dévoilent à la galerie Arludik à Paris jusqu’au 21 mai 2016.

Diplômé de l’Ensaama-Olivier de Serres en communication et arts graphiques, Stéphane Goddard a commencé en 1990 sa carrière de créatif en publicité chez Leo Burnett. 15 ans plus tard, il passe définitivement freelance après avoir participé à la fondation de 3 agences : Louis XIV, Leagas Delaney Paris et Love Palace (groupe DDB), agence dédiée au client Givenchy. De quoi travailler pour de grands clients comme Audi, Nespresso et Adidas pour qui il réalise la DA de la très remarquée campagne « La Victoire est en nous » de la Coupe du Monde 1998. Ce n’est pas souvent que vos créations se retrouvent projetées sur l’Arc de Triomphe le soir de la victoire de la France…

Passé freelance en 2005, Stéphane Goddard continue de travailler en direction artistique pour des agences réputées comme Marcel, aussi bien qu’en illustration pour des titres de presse comme Marie-Claire, Elle, Libé, Les Inrocks. Ses réalisations remarquables lui valent de figurer dans un des books Illustration Now !, puis dans l'ouvrage de référence 100 Illustrators (2014) édité par Taschen : la consécration ! Mais une suite logique à ses talents de dessinateur qu’il travaille depuis l’enfance et déjà récompensés par un prix au concours junior du festival d’Angoulême.

Parallèlement, lui vient en 2008-2009 l’idée de Blackfury, un projet de BD inspiré aussi bien des comics américains que de Hugo Pratt. Et dont il affine le concept… en courant : « Je trouve souvent mes idées en courant ; Blackfury vient de plusieurs flashes en courses ». Un univers que Stéphane Goddard veut élégant et percutant, exotique aussi. Le code graphique – noir, ébène et bronze – fait d’ailleurs référence aux armures japonaises. Les choses s’accélèrent en 2014 quand il entre en production du premier album avec pour co-scénariste Olivier Henriot, scriptwriting expert chez Ubisoft et déjà scénariste de BD pour Casterman ou Le Lombard sous le pseudo de Henscher.

Stéphane Goddard dessine à la pointe de graphite, scanne ou redessine sur sa palette et retravaille les dessins sur Photoshop ou Painter en utilisant des brosses spécifiques et des textures particulières où il mélange des éléments photographiques pris lors de ses voyages comme références.

« Blackfury est un exercice complet, explique Stéphane Goddard, où j’applique toutes mes influences et capacités : narration, dessin, travail graphique, branding. Mon challenge est d’y injecter de l’élégance, du fond et de l’intrigue à cette histoire de superhéros : faire le petit pas de côté qui va démarquer l’histoire ». La notion de branding ne vient pas ici par hasard : Blackfury est conçu comme une licence, avec une « back story » structurant l’univers pour lui permettre de se décliner en jeu vidéo, série TV et long métrage d'animation si le succès est au rendez-vous pour ce premier album. Verdict cet automne !

Paul Schmitt, avril 2016