Butch & Pea

Ambiance hip-hop dans Paris 8ème : les graffiti de Butch & Pea envahissent de leurs couleurs la galerie Wild Stylerz.

Depuis Basquiat, le street art conquis sa place dans l’art contemporain. Un signe qui ne trompe pas : les oeuvres des artistes les plus connus se retrouvent  en hôtels des ventes, à commencer par Artcurial à Paris en 2007 et la maison Bonhams à Londres en 2008, puis d’autres encore  qui consacrent les artistes US mais aussi des français comme Miss Tic, Mosko, etc

Wild Stylerz Gallery
Les galeries suivent le mouvement avec à Paris l’ouverture de spécialistes tels MathGoth (qui met en scène en ce moment le graffeur iranien A1One) et maintenant Wild Stylers inauguré ce mois de juin 2010 par Grégory Choko dans la très chic rue du Faubourg Saint Honoré. Une initiative due à la rencontre avec le duo Butch & Pea en 2006, à qui il propose en 2008 de s’enfermer dix-huit mois dans leur atelier pour produire pendant que lui-même se met en chasse d’un lieu, d’une « factory » comme il dit, pour accueillir leur production. C’est chose faite avec cette expo inaugurale, « L’école 2 la rue », jusqu’au 17 juillet 2010 : une série d’oeuvres inspirées directement de leurs pérégrinations nocturnes dans les endroits les plus undergrounds de Paris : terrains vagues, usines désaffectées, stations ou tunnels de métro… Butch & Pea assureront aussi les événements « Automne » et « Hiver » montrant ainsi l’intégralité de leur production dans un même espace. Jusqu’à la fin de l’année, ils produiront une partie de leurs oeuvres dans un atelier installé dans la galerie.

Butch & Pea
Du dix-huitième arrondissement où il a grandi aux banlieues Nord de Paris où il a sévi, Butch n’a jamais cessé depuis la fin des années 80 de marquer son nom, d’une simple signature d’abord, puis progressivement avec des lettres en couleurs toujours plus sophistiquées. Né en 1974, Butch est un acharné de la rue, qu’il a toujours préféré aux métros ou aux terrains vagues. Son éducation artistique s’est faite à coups de bombes et de lyrics. Avec ses différents groupes de graffeurs (HDC pour Hors Du Commun puis ELC pour Extaz, Luxure et Corruption), il s’est créé une famille. A 36 ans, il revendique son  appartenance à la culture Hip-Hop

Né en 1978, Pea grandit entre la Gare de l’Est et Colonel  Fabien en pleine explosion de la culture hip-hop en France. A l’école, il dessine et cherche son nom de graffeur : Tera, Dafy, Flow… Pour provoquer et se faire remarquer, il emprunte Penis  à un pote. Avec son groupe, les ASP (Attaque sur Paris), il écume les rues et les terrains vagues, rencontre des grands, parmi lesquels Pseye et apprend à peindre dans les règles de l’art : toujours plus de recherche dans la lettre, toujours plus de précision, toujours plus de couleurs. Il devient un adepte du wild style, réalisations complexes de lettres se
chevauchant. Penis devient Nicepe puis aujourd’hui Pea (P en anglais ).

Originaires l’un et l’autre du graffiti illégal pour devenir « street artists » Butch & Pea utilisent des techniques variées (feutre, acrylique, aérosol, collage) pour mettre en scène leurs ambiances. Depuis leur rencontre en 1998 dans une rue du 18ème arrondissement ils réalisent logos, flyers ou affiches pour des associations de quartier ou le groupe de rap Scred Connexion. En 1999, ils se mettent à peindre sur toile, à l’acrylique et au pinceau. Au marché d’art contemporain de la Bastille en mai 2003, ils réalisent 185m sur 2m20 de décor sur toile. En plus de leur participation à des évènements dédiés au Hip-Hop ou au street art, ils réalisent en 2005 une robe haute couture pour le créateur de mode Naco. Depuis 2009, les deux artistes se sont concentrés sur la production de la trentaine d’œuvres qui sont présentées à la Wild Stylerz Gallery, qu’ils veulent « esprit hip-hop, 100% graffiti parisien ». Les personnages et les graffitis simples de Butch s’assemblent immédiatement avec les lettrages contorsionnés de PEA. Ils commencent un travail collaboratif, à quatre mains, avec la même envie de faire partager leur univers hip-hop, des histoires de vie souvent rocambolesques et toujours vraies, et tous les petits détails qui leur font aimer la rue. A voir jusqu’au 17 juillet 2010 au 161 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8ème, en attendant les prochaines expos.

Paul Schmitt, juin 2010