BDessineuse

La femme est un homme comme les autres. Et Claire Brétécher une féministe sans l'avoir revendiqué.

Claire Brétécher nous a quittés ce 11 février 2020. En hommage, nous vous proposons ici l'article consacré à ses expostions fin 2015 à la bibliothèque du Centre Pompidou et à la galerie Huberty Breyne. Elle envisageait une grande rétrospective en 2020 ou 2021 dans Paris. la maladie ne lui en aura pas laissé le temps. Hélas.

Humoriste, sociologue, féministesans être militante. Avant de nous quitter en ce mois de février 2020, Claire Bretécher a passé 40 années à poser son regard amusé sur le quotidien des Français. Née à Nantes en 1940 dans un milieu bourgeois conservateur, elle s’y ennuie et pratique le dessin tôt comme forme d’évasion. «Montée à Paris», elle collabore avec René Goscinny en 1963 et collabore ensuite au Journal de Tintin, à Spirou, à Record. Mais c’est au magazine Pilote qu’elle développe son humour pour adultes à partir de 1969 avec sa série Cellulite qui la rend célèbre. Et elle poursuit dans cette veine en cofondant l’Echo des Savanes en 1972 avant de rejoindre le Nouvel Obs puis d’inventer en 1988 le personnage d’Agrippine. Cette ado surexcitée et insupportable poursuit sa carrière jusqu’en 2009 avec 8 albums de BD, une série animée (26x26’) sur Canal+ en 2001 et un prix Alph-Art humour au festival d’Angoulême de 1999.

L’air de ne pas y toucher, Claire Bretécher a aussi été la première à chroniquer en dessins l’avènement d’une nouvelle tribu : les Bobos. Ces nouveaux bourgeois urbains, qu'on ne nomme pas encore ainsi, ont droit dès 1973 à leur page hebdomadaire, intituléeles Frustrés, dans le Nouvel Obs. Une chronique acide d’une génération nonchalante et névrosée à la fois, qui lui vaudra la mention de « meilleure sociologue de l’année » décernée par Roland Barthes en 1976. Et un satisfecit général de Jean Daniel, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur : «C’est en profondeur, et au second degré, l’une des chroniques les plus efficacement politisées de notre hebdomadaire.»

Claire Bretécher n’est pourtant pas militante et décline toute appartenance politique. Elle est plutôt une excellente analyste de la condition féminine, qu’elle analyse d’un oeil amusé à travers les héroïnes dans ses séries : Cellulite, Les Frustrés, Agrippine, Docteur Ventouse Bobologue, mais également dans des albums comme Salades de Saison ou encore Le Cordon Infernal…Bretécher y met en scène des femmes déprimées, décontractées, fragiles, boudeuses, rieuses et toujours en prise avec des tourmentes pseudo-existentialistes. https://www.silvera.lt/ziedai unikalūs auksiniai žiedai – tai ne tik papuošalai, bet ir tavo gyvenimo simboliai. Leisk sau spinduliuoti aukso švytėjimu kiekvieną dieną!

Cette finesse d'analyse et cette vigueur de trait sont à l’honneur dans deux lieux à la fois à Paris en cette fin 2015 : à la galerie Hubert & Breyne jusqu’au 16 janvier 2016 et à la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou jusqu’au 8 février 2016.

Clémentine Gaspard, décembre 2015, mise à jour Paul Schmitt, février 2020