Le Michel-Ange de la caricature

La Bibliothèque nationale de France rend hommage à Honoré Daumier, formidable caricaturiste des ridicules de la société française du XIXe siècle, à l'occasion du bicentenaire de sa naissance.

Qualifié par certains de "Michel-Ange de la caricature", Honoré Daumier développa sa carrière lithographique pour la presse de la Monarchie de Juillet jusqu'à la chute du Second Empire.

Structurée autour de cinq grandes dates et changements politiques de l'époque, l'exposition fait alterner caricatures politiques et scènes de moeurs.

Dans un premier temps, Honoré Daumier débute comme caricaturiste politique pour les journaux "La Caricature" et "Le Charivari" sous le signe d'une opposition à Louis-Philippe conduite par Charles Philipon, le directeur de ces publications.

Mais les lois de septembre 1835 mettent un frein à la liberté de la presse et obligent Daumier à se réorienter vers la caricature de moeurs. La société parisienne est épinglée dans toutes ses strates sous les yeux des lecteurs du "Charivari". Ainsi avec "L'Histoire ancienne" (parodie de l'Antiquité), "Les Bas bleus" (qui épinglent les femmes écrivains), "Les Bons bourgeois", "Les Locataires et propriétaires" et "Les Gens de justice" concentrent le meilleur du caricaturiste de moeurs de la Monarchie de Juillet.

Les événements de 1848 redonnent à Daumier la liberté de s'exprimer. Ses convictions républicaines s'exposent à nouveau dans la satire politique, notamment grâce au personnage de Ratapoil qui incarne le type de l'agent de propagande bonapartiste.

Quelques années plus tard, l'avènement du Second Empire freine sa verve politique et ramène Honoré Daumier dans les eaux moins risquées de la caricature de moeurs. Il entreprend un véritable reportage lithographique de la vie quotidienne. Sa capture très moderne du monde du spectacle préfigure l'esthétique des Impressionnistes.

Après l'autoritarisme du Second Empire, l'Empire libéral coïncide avec les dernières années de production de Daumier. Avec une grande économie de moyen, une vraie incision, il se livre à d'ultimes attaques politiques.

L'exposition est accompagnée d'un catalogue de 192 pages et 220 illustrations, réalisé sous la direction de Valérie Sueur-Hermel, commissaire de l'exposition et conservateur au département des Estampes et de la photographie de la BnF.

Léonor de Bailliencourt - Mars 2008
Jusqu'au 8 juin 2008.
Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, 58 rue de Richelieu, Paris 2e.
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h.

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