P. Nicolas Ledoux et Mathias Schmied se rencontrent à la galerie Magda Danysz

P. Nicolas Ledoux, artiste complexe aux propos graphiques touffus, a invité son comparse Mathias Schmied pour un "battle" de dessins. Interrogations plastiques anxiogènes contre superhéros devenus vains : qui va gagner ?
Les dessins de P. Nicolas Ledoux sont à double-détente. De prime abord, c'est joli, harmonieux, plutôt branché, même. Mais voilà des pièces qui exigent qu'on s'approche d'elles. Car du vues de près, voilà des créations carrément anxiogènes qui questionnent la pratique de l'art contemporain, son histoire, ses légendes, sa communication et son marché. Lucide, parfois violent, P. Nicolas Ledoux - qui est membre du collectif de graphistes intellos Labomatic - multiplie les références savantes pour mieux les détourner. Aussi, l'approche de ses oeuvres est-elle soumise à de nombreux niveaux de lecture, variables selon l'érudition du regardant.
De son côté, Mathias Schmied se concentre sur la figure du super-héros. Un thème qui n'est pas sans nous rappeler le travail de l'artiste italienne Laurina Paperina, également exposée par Magda Danysz. Mais quand chez Paperina, le traitement est loufoque et presque "mignon", chez Schmied, l'approche semble plus violente, plus virile, plus désespérée aussi. Faisant appel aux références d'une culture Pop surexploitée commercialement et dont ne restent plus que les cendres, l'artiste interpelle le spectacteur sur la vacuité de ce monde au moyen d'onomatopées tracées en grandes lettres.
Ledoux vs Schmied ou bien Ledoux AVEC Schmied ? En tout cas, une rencontre choc qui nous permet de souligner que le dessin tient dignement sa place dans le grand cirque de l'art contemporain.

Léonor de Bailliencourt - 12/2006

Jusqu'au 13 janvier 2007.
Galerie Magda Danysz, 19 rue Emile Durckheim, Paris 13e.
Ouvert du mardi au vendredi de 11h à 19h et le samedi de 14h à 19h.