Enki Bilal

Célèbre pour ses BDs, mais aussi peintre et cinéaste, Enki Bilal a construit sa vie autour du dessin.

Né à Belgrade, venu en France à l’âge de 12 ans, Enki Bilal s’est épanoui (ou « s’enferme » selon sa propre expression) depuis son plus jeune âge à travers le dessin, soutenu en cela par sa mère. Grand amateur d’écrivains comme Baudelaire, Jules Verne, Dostoievsky, il découvre adolescent la science-fiction notamment américaine : Asimov, Bradbury, Zelazny.

Dès 1972, il publie ses premières planches avec le scénariste Pierre Christin dans la magazine Pilote. En 1980 il crée seul l’album La Foire aux Immortels (1980), dont le style graphique novateur lui vaut succès et célébrité. Avec les albums suivants dont La Femme Piège, il s’affranchit des contraintes techniques et de l’encrage traditionnel, passe aux couleurs directes. Il multiplie dans les années 80 les expériences graphiques et passe au cinéma avec la réalisation d’un long métrage Bunker Palace Hôtel (1988). Un résumé de l’univers d’Enki Bilal : uniformes des pays de l’est, ambiance oppressante, conflits dans un monde en déliquescence. Ressentant profondément en lui-même la guerre civile en ex-Yougoslavie, il se met aussi à la peinture, dont l’album Bleu Sang (1994) est en quelque sorte le catalogue.

Dans ses dernières BDs, il revient aux fondamentaux que sont pour lui le dessin à la mine de plomb et au pastel sur papier teinté, avec des rehauts de blanc pour mieux ramèner une couleur et  créer des volumes. Ses trois derniers albums sont ainsi un retour au dessin, même si le plus récent, La Couleur de l’Air (octobre 2014),  est aux deux tiers dans la technique d’Animal’Z et pour un tiers en couleur.

L’Hôtel des Arts de Toulon en profite, sous le commissariat de Pascal Orsini, pour récapituler, jusqu’au 4 janvier 2015, le parcours d’Enki Bilal. Une exposition intitulée "Oxymore", en autodérision au parcours divers d’Enki Bilal ?

Une revendication plutôt, celle d’un artiste qui se veut hybride, au sens noble du terme.

Clémentine Gaspard, décembre 2014