Carthagène par Depardon et Loustal

Regards comparés d’un photographe et d’un dessinateur sur la métropole la plus colorée de Colombie.

Carthagène, de son vrai nom Cartagena de Indias, a été fondée en 1533 par les conquistadores sur la côte atlantique de la Colombie. C’était le principal port par lequel transitaient l’or et les esclaves de l’Ancien au Nouveau Monde. Carthagène est aujourd’hui une métropole de plus d’un million d’habitants, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Après les longues années de guerre civile, la situation de la Colombie s’est apaisée et Carthagène est devenue une importante destination touristique, au bord de la mer des Caraïbes.

A l’incitation de l’agence Magnum Photos et d’Aire Libre, label de bande dessinée, le photographe Raymond Depardon et le dessinateur Jacques de Loustal séjournent deux semaines à Carthagène en Colombie en mars 2015. Objectif : croiser le regard de Depardon et les dessins de Loustal faits à partir du même matériau photographique. Et, explicite Raymond Depardon, « développer une vision totalement subjective, qui n’est pas du tout destinée à être un guide de voyage pour Carthagène, mais qui est en soi un sujet suffisamment fort pour nous inspirer tous les deux. Parce que c’est une ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, avec une ambiance, un passé historique, et je suis sensible à cela ».

 Raymond Depardon a travaillé en argentique, au format 6x7 surtout. « J’avais l’impression que l’homothétie des dessins, des peintures de Jacques, était proche du 6 x 7. J’ai choisi un des derniers modèles sortis par Fuji, qui ne fait pas de bruit, et si vous allez vite – tac – il fait une photo instantanée, très rapide. Quelquefois je prenais le Rolleiflex (je contrôle mieux ma photo), je visais, je voyais bien la photo, mais ça perdait de la spontanéité ».  Les pellicules ont été développées à son retour en France. Cinquante images ont été finalement sélectionnées pour composer ce livre.

Jacques de Loustal a pris des notes visuelles à l’aide d’un appareil numérique, complétées par des croquis. « J’utilisais un petit Leica numérique pour prendre mes notes et comme il y a eu beaucoup de soleil et que je n’avais pas de viseur, c’était juste des photos blocs-notes pour me rappeler de certains détails. Le soir, j’organisais un peu toutes les photos que j’avais vues. Je me disais qu’avec trois quatre photos je pourrais faire un dessin qui pouvait rappeler l’ambiance du moment, résumer une petite histoire… C’est comme ça que je travaille ». Il a ensuite composé, dans le calme de son atelier parisien, trente-huit illustrations, utilisant différentes techniques (aquarelle, fusain, encre sépia…) suivant l’effet recherché.

Ce portrait subjectif de Carthagène et de ses habitants, complété par des entretiens croisés entre le photographe et le dessinateur, fait l’objet d’un livre coédité par Dupuis et Magnum Photos et d’une exposition à la Maison d’Amérique jusqu’au 12 décembre 2015.

Une merveille de dépaysement et de tendresse, d'attention aux gens, qui fait du bien par les temps qui courent !

Paul Schmitt, novembre 2015

Carthagène
par Depardon et Loustal
Editions Dupuis & Magnum Photos
120 pages, 262 X 215 mm
Papier: Garda Pat Klassica 170g
35€