Matali Crasset Works

La célèbre designer récapitule dans ce livre 20 ans de vision innovante, au-delà du fonctionnalisme et des formes.

Dans Works, Matali Crasset ne voit pas tant une rétrospective qu’une intention pédagogique. C’est l’occasion de dévoiler sa démarche créative, de montrer comment le design peut, suivant les sujets, aller dans telle ou telle direction, tout en s’inscrivant dans une approche globale. Car la caractéristique de Matali Crasset, on pourrait dire son principal apport à la discipline, est de repenser ce que doit être le design. Plus que de changer le vocabulaire formel, il s’agit à la fois  de repenser le rapport de l’objet à ses utilisateurs, et d’envisager un projet de design aussi comme un projet humain et social. Une finalité qui ne repose pas seulement sur la réalisation d’une création, mais aussi sur « sa capacité à créer du lien, à faire travailler ensemble, à créer un système d’échanges et de réciprocité » comme l’écrit l’anthropologue Emmanuelle Lallement dans son introduction à Matali Crasset Works.

Dès son projet de diplôme aux Ateliers-ENSCI en 1991, Matali Crasset a voulu dépasser la « mono-fonction » de l’objet en designant « multi-diffusion », une lampe qui éclaire à travers un abat-jour/écran décoré d’une photographie personnelle : à la fois lumière, photo et mémoire pour l’utilisateur. Les projets de Matali Crasset se succèdent depuis et dépassent le cadre du design industriel au gré des rencontres. Elle travaille avec des acteurs aussi distincts que l’hôtelier Hi-Life qui veut développer un nouveau concept (hôtels Hi-Matic à Paris et à Nice ou Dar Hi à Nefta en Tunisie), le musée qui souhaite se métamorphoser (SM’s à s’Hertogenbosch aux Pays-Bas), ou encore la Direction des affaires culturelles de Bourgogne qui veut placer des lustres contemporains dans la cathédrale Saint-Benigne de Dijon. Matali Crasset trouve dans les expositions un espace de réflexion et d’expérimentation différent et multiplie les occasions de collaborer avec des artistes, notamment Peter Halley avec «Nature morte à habiter » à la galerie Thaddaeus Ropac où elle expose régulièrement. Elle réalise de nombreuses scénographies pour des sociétés privées, Hermès, Première Vision, ou pour des institutions, le Mobilier national, la Biennale de Saint-Étienne, le Salon de Montrouge.
 

Riche de quelque 700 photographies, Matali Crasset Works rend compte par sa mise en pages originale de la démarche conceptuelle de cette star du design et met en lumière, projet par projet, ses processus créatifs et son intarissable inventivité.

Matali Crasset Works
Editions Norma
320 pages, 31x23 cm
70€


Clémentine Gaspard, juin 2012

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