Aaron Siskind

Entre photo documentaire et expressionisme abstrait, Aaron Siskind nous livre une autre réalité photographique.

Né au début du XXème siècle, professeur de lettres à ses débuts, le newyorkais Aaron Siskind s’adonne parallèlement à la photographie. Il rejoint dès 1935 la New York Film and Photo League où il crée le Feature Group, une unité de production documentaire. Seul, ou avec son groupe, Aaron Siskind produit des séries photographiques autour de la crise économique qui frappe New York, dont le fameux Harlem Document, modèle de la photographie documentaire, dont  Siskind est le premier véritable théoricien.
 
Dès les années 40, Aaron Siskind réalise de plus en plus de photographies symboliques et abstraites à partir d’objets abandonnés ou trouvés sur l’île de Martha’s Vineyard et à Gloucester, dans le Massachussets. Il noue des liens étroits avec les artistes de la New York School, et en particulier les peintres de l’Expressionnsime abstrait (Wilhem De Kooning, Franz Kline...), qui reconnaissent une parenté entre leurs oeuvres et les nouvelles images prises par Siskind.

Ayant rejoint en 1951 l’Institute of Design de Chicago fondé en 1937 par Laszlo Moholy-Nagy, le créateur du Bauhaus, Aaron Siskind y enseigne puis en dirige le département de photographie jusqu’en 1971. Il continue sa carrière d’enseignant à la Rhode Island School of Design jusqu’en 1976.

Ses photographies noir et blanc abondent en signes et configurations graphiques, et multiplient les tensions formelles. Aaron Siskind y développe un réalisme symbolique, une poétique puissante qui fait appel aux forces de l’inconscient, en digne héritier des expérimentations phtographiques de Laszlo Moholy-Nagy. Des signes et expérimentations visuelles bien au-delà de la street photography  alors dominante.

Cet artiste peu connu est à découvrir au Pavillon Populaire de Montpellier, jusqu’au 22 février 2015. Quelque 250 tirages originaux y retracent le parcours de ce « dramaturge de l’objet photographié » comme le décrit Gilles MORA, directeur artistique du Pavillon Populaire et commissaire de l’exposition.

Clémentine Gaspard, janvier 2015