Première rétrospective d'un des piliers de la photographie

Le photographe Albert Watson fait partie de ces artistes qui sont partis à la conquête artistique des Etats-Unis. Cet écossais de 65 ans, auteur de tirages personnels et publicitaires mythiques, a vu défilé devant son objectif le monde de la nuit, de la mode et des grands espaces. La galerie Acte2 propose la première rétrospective de cette personnalité à l'oeil acéré.

 

Quand passion et travail se chevauchent

Etudiant en graphisme à ses débuts, Albert Watson s'intéresse à la photographie à son entrée au Royal College of Art de Londres. Accro à la prise de vue, cet artiste aveugle d'un oeil persiste et trouve sa place au sein du prestigieux magazine Vogue, en 1976, qui succombe à ses clichés et fait de lui son photographe fétiche avec plus de 200 couvertures. S'en suivent alors des contrats de campagnes publicitaires avec les maisons Chanel, Gap ou encore Levi's. A l'instar de Sarah Moon pour les campagnes Cacharel, elle aussi, happée par le Harper's Bazaar, Albert Watson étire son champ de création entre projets personnels et commandes institutionnelles.

Beautés apprêtées ou sauvages

De la famille Royale d'Angleterre en passant par les colosses du cinéma parmi lesquels Alfred Hitchcock, il capte les regards et les attitudes avec une finesse sans pareille, plaçant le plus souvent ses sujets sur fond neutre, centrés dans la composition. Stars, femmes de multiples horizons éthniques, célèbres ou anonymes, tous se sont laissés capter par l'objectif de Watson où la lumière ordonne et où le photographe oblige le regard à aller au-delà de l'observation. Entre la création d'icônes de mode et la nature brute, Albert Watson n'a pas su choisir et c'est bien là son fort. Bien que conscient du fétichisme et de l'adulation générés par ses tirages de mode, il se laisse submerger par l'immensité du Nevada et du Maroc, livrant ainsi de somptueuses mises en scène de terres vierges ou surindustrialisées, à la manière d'un avant-après l'humain.

Influences et détournements

A la vue des clichés de cet écossais, il n'est pas rare de voir apparaître une impression de déjà-vu, ses photographies empruntant aux codes cinématographiques, identiques à ceux employés par David Lynch dans ses inquiétantes étendues embrumées, où l'humain cherche constamment sa place. Issus de voyages, ses clins d'oeils visuels le relient aussi à son aîné Lee Friedlander, en jouant avec astuce des situations ambiguës, transformant le gant de Toutankhamon en indice policier intemporel...
Il n'hésite pas non plus à métamorphoser ses modèles, fusionnant le visage de Mick Jagger avec celui d'un felin. Surmédiatisée, la silhouette gracile de Kate Moss contribua en 1997 à faire connaître l'oeuvre de Watson. Mais nombreux sont encore les clichés féminins, méconnus du grand public, proches de ceux du très controversé Nobuyoshi Araki, inconditionnel ficeleur de courbes féminines. website with nice older men porn

Albert Watson surprend, déroute, mais surtout charme insolemment, à travers des photographies drôles, riches d'intensités en tous genres. Si certains d'entre nous pensent le découvrir à peine, il est aussi celui qui se cache derrière l'affiche du film Mémoires d'une Geisha, de Rob Marshall.
Polyvalent et curieux, ce photographe a su se positionner à la contrée de plusieurs mondes, forçant les mélanges et les extensions artistiques vers une photographie accessible. " Elémentaire mon cher. "

 

Agathe Hoffmann – Octobre 2007

Jusqu'au 9 novembre.
Galerie Acte2, 41, rue d'Artois, Paris 8ème.
Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 19h et le samedi de 12h à 18h.