L'esthétique du photomaton

Soulevons le rideau pour explorer le Photomaton, outil idéal d’introspection photographique.

Espace cloisonné, refermé sur lui - même à la manière d’un confessionnal moderne, la cabine du photomaton invite aux aveux les plus intimes. C’est un monde intermédiaire entre l’intime et le public, l’intérieur et l’extérieur.

Le photomaton est d’abord le lieu où s’incarne l’identité. C’est un espace de mise en scène de soi qui permet de construire ou de déconstruire une identité sociale, ethnique, sexuelle, communautaire, etc. S’il permet de s’interroger sur sa propre identité, le photomaton offre aussi l’occasion d’une réflexion sur ce qui constitue le couple, ou le groupe. Dans la cabine, certains construisent leur image à travers le miroir de l’autre, ou des autres ; ils posent à deux ou en bande et affirment ainsi leur appartenance
à une entité sociale. Le photomaton conforte notre instinct grégaire, il incarne l’identité collective.

Lorsque les premières cabines de photomaton furent installées à Paris en 1928, les surréalistes en  firent un usage intensif et compulsif. En quelques minutes, et pour une somme modique, la machine  leur offrait, dans le domaine du portrait, une expérience similaire à celle de l’écriture automatique.  Depuis, des générations d’artistes ont été fascinées par le principe du photomaton. De Andy Warhol à  Arnulf Rainer, en passant par Thomas Ruff, Cindy Sherman, ou Gillian Wearing, ils sont nombreux à  s’être emparé du photomaton pour jouer avec leur identité, raconter des histoires, ou faire des mondes.

Derrière le rideau - L’Esthétique Photomaton, au Musée de l’Elysée à Lausanne jusqu’au 20 mai 2012, est la première exposition consacrée à l’esthétique du photomaton. Plus de 600 oeuvres réalisées sur différents médium (photographies, huiles sur toile, lithographies et vidéos ) par une soixantaine d’artistes internationaux y révèlent l’influence du photomaton au sein du milieu
artistique depuis sa création jusqu’à nos jours.

Clémentine Gaspard, février 2012