Doisneau Paris les Halles

Le quartier historique des Halles à Paris vu par son plus ardent et talentueux défenseur: Robert Doisneau.

L'événement ne doit rien au hasard. Cela fait quarante ans que les Halles de Baltard ont disparu sous l'assaut des bulldozers pour laisser place au « trou » des Halles. Lequel fut vite bétonné d'une station RER glauque et d'un centre commercial hideux, mais dont le succès populaire ne se dément pas. Jusqu'en 2016, la mairie de Paris entreprend un gigantesque chantier de rénovation de ce quartier pour « mieux réinsérer les Halles dans leur environnement urbain ». En surface un édifice aux formes courbes d’inspiration végé­tale, la « Canopée » abritera deux bâtiments pour des équipe­ments publics et commerciaux autour d’un patio qui deviendra le nouveau coeur des Halles. Autour, la mairie promet un jardin plus ouvert, plus accessible, plus végétal et aussi plus convivial, comme une « clairière dans la ville ».

En attendant ces réalisations grandioses, la mairie de Paris nous offre jusqu'au 28 avril 2012 une bouffée de nostalgie en faisant revivre les Halles historiques grâce aux photos des Halles de Robert Doisneau. Fasciné par ce quartier des Halles et son activité, le grand photographe en a accumulé les photos pendant presque 40 ans, à partir de 1933. La perspective de leur disparition dans les années 60 le mobilise d'autant plus: « « Je me levais donc à 3 heures du matin, à Montrouge, pour me rendre là-bas, parmi les travailleurs de l’aube, ceux qui déchargeaient les camions, ceux qui mettaient la marchandise en place. Difficile à photographier : manque de lumière, réflexes ralentis par la fatigue, tellement d’images possibles ! Et puis c’était intimidant. Mais je me suis accroché. Je savais que cela allait disparaître. Je voulais absolument en fixer le souvenir. »

208 tirages sont ainsi exposés, à la fois à l'Hôtel de ville (entrée gratuite, mais il faut faire la queue...) et sur les murs de la station de métro Hôtel de ville. Un témoignage précieux, à la fois sur ce quartier disparu et aussi sur l'empathie que Robert Doisneau ressentait pour cette vie parisienne et sa capacité inégalée à en témoigner.

Clémentine Gaspard, mars 2012