L'image de mode néerlandaise

De la pose glamour aux campagnes porno chic, la mode est aujourd’hui plus que jamais une discipline où la communication publicitaire n’a pas droit à l’erreur. L’Institut Néerlandais se penche sur les dernières tendances en matière d’images de mode à travers l’exposition Dutch Fantasy. Un foisonnement batave composé de photographes comme de graphistes tirés aux quatre épingles.  

A l’image d’un laboratoire expérimental de l’image, Dutch Fantasy présentent les montages et autres icônes polymorphes qui détournent, parodient et ignorent parfois les codes mêmes de l’image publicitaire de mode. A la frontière de l’œuvre d’art, les campagnes des grandes marques réalisées par des personnalités telles que Viviane Sassen, I’m Jac, Bianca Pilet ou encore Denise Van Leeuwen, rivalisent de créativité afin de donner à la dite collection, la tonalité qui fera mouche auprès des consommatrices.
Il n’est ainsi plus question de photographier le mannequin blafard portant la prestigieuse robe, mais bien de créer un véritable cadre dans lequel l’inscrire. Le paranormal, l’incongru, le ridicule, l’inspiration picturale des peintres des siècles précédents constituent les principaux outils de communication des artistes présentés à l’Institut Néerlandais.

Des obturateurs plus joueurs que voyeurs.

Viviane Sassen réinterprète la nature morte dans ses photographies, en déposant baies et autres fruits rouges dans le creux des cuisses de ses modèles, à côté duquel un sac semble avoir été égaré. C’est elle aussi qui applique la formule "2 en 1" à ses mannequins pour l’une des campagnes de la marque vintage Miu Miu, en 2002. Une jeune fille blonde fixe l’objectif pendant qu’une autre s’emboite dans la première.

Deux vêtements, un seul corps.

Ces situations énigmatiques et parfois provocatrices sont aussi le lot des tirages de Wendelien Daan – auteure des dernières campagnes de la créatrice Catherine Malandrino - qui agrémente ses compositions stylistes de quelques grammes de tragédie. Convoquant le travail de travestissement de la photographe Cindy Sherman, elle place l’image de mode comme l’un des maillons d’une étrange narration. La drôlerie de Bianca Pilet permet à l’exposition de faire passer le visiteur du rire aux larmes, à travers des photographies de femmes nues, assises à côté d’une chaise qui porte, elle, le vêtement convoité.

Traits "fashion" !

Les mélanges de techniques proliférant, l’image de mode n’échappe pas au phénomène ordonnant que le dessin flirte désormais avec la photographie et les nouvelles technologies graphiques. Piet Paris, illustrateur de mode phare aux Pays-Bas, choisit, lui, de représenter l’identité des marques dans un style très graphique, basé sur des aplats, qui rappellent le générique du film Catch Me If You Can, signé des graphistes Florence Deygas et Olivier Kuntzel.
Les visages en gros plans s’imposent tout autant dans les dessins de Fleur Van Maarschalkerwaart, qui semble avoir fait de la ligne serpentine du XIXème siècle, sa marque de fabrique (Tree, 2003), à l’image des créations de la photographe Inez Van Lamsweerde associée au duo de graphistes branché M/M (Paris), auteurs ensemble des visuels de l’album Vespertine (2001) de Björk.
Denise Van Leeuwen charme le visiteur avec des silhouettes dignes d’Audrey Hepburn, aux teintes pastelles et aux lignes épurées, effleurées de fusain (Kiss, campagne pour  CJP).
I’m Jac (Irene Maria Jacob) propose un monde féerique où tout est agréablement flou, où la mode est bien plus qu’une fringue sur un corps, dans lequel panthères et faons sont les meilleurs amis de la femme.

Dutch Fantasy porte décidemment bien son nom, en proposant un vrai dépaysement dans un univers de mode souvent trop rigide au sexe gratuit. Une exposition à dévisager sous toutes les coutures.

Agathe Hoffmann - Mai 2007
Jusqu'au 13 mai 2007.
Institut néerlandais, 121 rue de Lille, Paris 7e.
Ouvert de 13h à 19h tous les jours sauf le lundi.