Lucien Clergue

Le plus graphiste des photographes.

Son nom est inséparable de celui d’Arles, sa ville natale. Né en 1934, marqué enfant par la guerre et les bombardements allies lors de la Libération en 1944, Lucien Clergue en photographie après-guerre les rues, les habitants et en particulier les Gitans, la mer, les corridas. Soutenu par Picasso et Jean Cocteau, il devient photographe in dépendant en 1959 et expose déjà au MoMA de New York en 1961. Ses photos de nus contribueront à sa notoriété dans les années 70, et Lucien Clergue poursuit en parallèle ses recherches avec des images de paysages provençaux fortes, très contrastées en lumière. Un travail qui culmine en une thèse photographique, Langage des Sables, qu’il soutient en 1979. Roland Barthes, membre du jury, s’incline devant ce travail d’autodidacte, sans texte ni parole, et rédige la préface du livre.

Entretemps, Lucien Clergue a cofondé les Rencontres internationales de la photographie d’Arles en 1969 et en est directeur artistique jusqu’en 1976, puis à nouveau en 1994. Et y est exposé de nombreuses fois, la dernière fois aux Rencontres de 2014 pour ses 80 ans, juste avant son décès.

Ce maître du Noir&Blanc est d’abord un virtuose de la composition et des lumières. Charpente de maison en ruine ou taureau agonisant dans l’arène, ses sujets pris en contre-jour dessinent des images fortes, poignantes. Ses nus par contre sont une ode à la vie comme en témoigne sa célèbre série Née de la Vague, corps généreux au milieu de l’écume dans la mer.

La plage, le bord de mer ont toujours été pour Lucien Clergue des lieux d’exploration : cadavres d’animaux échoués après-guerre ou recherches graphiques dans les années 70, sa sensibilité y puise une énergie toujours renouvelée.

Photographe d’art, pas de mode, Lucien Clergue est à découvrir dans tout son génie au Grand Palais à Paris, jusqu’au 15 février 2016.

Paul Schmitt, décembre 2015