Destination péninsule

Après la scène nordique, Paris Photo 2007 fait de l’Italie son invitée pour sa 11ème édition. Au programme, le même engouement artistique qu’aux salons précédents, avec une participation de galeries qui frise la petite centaine. Quatre jours pour découvrir le cru de l’image photographique au Carrousel du Louvre.

 

L’Italie ou l’obsession du paysage

Amorcée dans les années 1970, le questionnement sur l’espace urbain et ses mutations se poursuit dans les créations des artistes italiens. Présentés au cœur du salon, les têtes de gondoles se prénomment Luca Andreoni, Bianco e Valente, Botto e Bruno, Lorenza Lucchi Basili, Raffaela Mariniello, Maurizio Montagna ou encore Carlo Valsecchi. Seize galeries sont ainsi représentées, avec des œuvres qui répondent aux critères typiquement italiens : compositions savamment agencées et harmonies de la couleur, le tout autour de la ville, noire et blanche comme saturée de lumière. Botto e Bruno re(m)place ainsi l’individu dans le cadre urbain, donnant l’impression d’un photomontage tant l’homme semble chercher sa position face aux modifications formelles de son contexte, (Looking at the Ground, 2007). Luca Andreoni guette, lui, la possible entente entre deux mondes, séparée par l’envie de nouveaux édifices et la féroce volonté de conserver ce que ce pays possède d’éminemment culturel et de patrimonial (Orridi #105, 2007). L’exposition centrale rassemble quant à elle, la collection de la banque UniCredit qui arbitre les clichés italiens marqués eux aussi par les perspectives panoramiques, des seventies à nos jours. Vincenzo Castella fige pour la énième fois, le volcan star du golfe de Naples, sorte de trace ultime de mère nature dans une ville en ébullition.
La création vidéographique n’a pas été oubliée, présentée dans la Project Room du Carrousel. Après sa parodie de campagne électorale américaine, Francesco Vezzoli propose ainsi sa “Trilogie” au regard du visiteur, à côté de celle de Grazia Toderi, entre autres.
 

La sélection 2007

Avec 500 photographes plasticiens, de mode ou reporters, Paris Photo arpente l’histoire de la photographie, de la fin du XIXème siècle au début du XXIème siècle, confrontant un ensemble de pratiques et de parti-pris. Trois périodes artistiques se succèdent, de 1839 à 1914, de 1917 à 1980 et de 1980 à aujourd’hui. La galerie anglaise Robert Hershkowitz, spécialiste de la photo ancienne, dévoile une rare épreuve au platine de Frederick Evans datée de 1910 : York Minster – Door to Chapter House, sorte d’aspiration concentrique dédiée au motif spirale. Par ailleurs, la galerie basée à Montreuil, Lumière des Roses, présente les clichés anonymes et amateurs de 1890 à 1940, images de familles et de l’intime comme du modeste quotidien.
La galerie berlinoise Kicken réunit les principales figures de l’école tchèque, parmi leurs représentants Frantisek Drtikol, Jarumir Funke, Josef Sudek et Jaroslav Rössler. La galerie hollandaise Van Zoetendaal expose les travaux d'Analeen Louwes, où la froideur de l’image, les gestes attentifs et précis, les postures statufiées s’animent par les plis des textiles.
Toujours très récurrent, le portrait change de registre, s’attaquant aux questions identitaires et sexuelles d’aujourd’hui. Lillian Birnbaum, sous la coupe de la galerie parisienne Esther Woerdehoff, interroge à la manière de Diane Arbus, le passage d’un âge à un autre, où l’adolescence brossée, prise par surprise dans l’engrenage de l’image de soi se fait frontale.

Enfin, la galerie londonienne Michael Hoppen fait office de passerelle-compromis entre tous les arts, à travers le travail polymorphe de Scarlett Hooft Graafland, coup de cœur de la rédaction. A la croisée de la performance, de la sculpture et de la photographie, ses œuvres sont le résultat d’une réelle contemplation de la nature. Hommage à Robert Smithson ou simple défit d’esthétique, Vanishing Traces (2007) donne à voir de fragiles ballons en apesanteur sur un lac salé. Sur fond de Bolivie vierge, une femme honore le paysage de son chapeau et de sa jupe noire traditionnels (Out of Continuum, 2007). Simplement Sublime.

 

Agathe Hoffmann - Novembre 2007.

Du 15 au 18 novembre 2007.
Paris Photo
Carrousel du Louvre
99 rue de Rivoli, Paris 1er.
Ouvert du 15 au 17 novembre de 11h à 20h.
Le 16 novembre de 11h à 21h et le 18 novembre de 11h à 19h.