Rencontres d'Arles 2015

Une édition volontairement ouverte et éclectique impulsée par le nouveau directeur Sam Stourdzé.

Français mais jusque-là conservateur du musée de l’Elysée de Lausanne, Sam Stourdzé  veut montrer la photographie dans tous ses états, surprendre le visiteur avec des expositions qui « se prolongent, se répondent, s’interpellent, s’entrechoquent, avec pour mot d’ordre le décloisonnement. »

Pari réussi avec 35 expositions jusqu’au 20 septembre 2015 à travers Arles plus estivale que jamais, où les couleurs sont écrasées par la chaleur comme sur un tirage un peu passé des années 70. Comme sur une photo de Stephen Shore, un des grands coloristes de l’époque, dont les séries American Surfaces et Uncommon Places investiguant l’Amérique au quotidien sont un des must de ces Rencontres d’Arles. En résonance avec les photos en noir et blanc d’Américains anonymes de son compatriote Walker Evans, autre grand de la photographie ici à l’honneur.

« Résonances » est surtout le thème sous lequel Sam Stourdzé célèbre « les incursions de la photographie dans le monde de la musique, du cinéma, de l’architecture, réaffirmant avec malice qu’elle se trouve bien souvent là où on ne l’attend pas ». Au programme, des couvertures de disques vinyle, les photos de plateau du film 8 ½ de Fellini, et des vues de cathédrales européennes de Markus Brunetti aussi bien que de signes au néon de motels américains de Toon Michiels. Un programme que beaucoup de critiques d’art… critiquent, mais qui ravit les passionnés d’arts  visuels que nous sommes !

« Emergences » signale à notre attention les nouveaux talents dénichés par les curateurs du Prix Découverte, aussi bien que les clichés surprenants rapportés de Corée du Nord par Alice Wielinga : des photos qui interpellent, au premier plan réminiscent d’affiches propagandistes, mais sur fond de paysages sombres et menaçants.

On sera moins séduit par la nouvelle identité visuelle de ces Rencontres d’Arles par ABM Studio.  Certes, il fallait rompre avec le traité illustratif et gentiment absurde des affiches d’Arles de  Michel Bouvet. Mais la rotation d’une photo à 180° comme « geste simple et radical pour changer de point de vue» ? On attend plus créatif pour l’année prochaine…

Clémentine Gaspard, juillet 2015