Visa pour l'image 2010

Deux semaines de festival et d’expositions pour réaffirmer la vitalité du photojournalisme.

Basé à Perpignan, Visa pour l’image, festival international du photojournalisme, se donne pour mission de défendre la qualité de l’image et  de sensibiliser les générations montantes à l’éthique et à la déontologie. Deux semaines (du 28 août au 12 septembre) avec rencontres, projections, prix (les « Visas d’or » décernés début septembre, à voir en bas de cette page) et surtout 27 expositions photo dont nous vous rendons compte dans la galerie ci-jointe.

Pour cette 22ème édition, Jean-François Leroy, directeur et fondateur de Visa pour l’image, a mis en avant deux thématiques principales.

 

 

Photojournaliste, une espèce menacée
D’abord, la défense du métier de photojournaliste mis à mal par la baisse des commandes de la presse magazine, elle-même en butte au déclin de ses ventes.  Moins de commandes, donc moins de reportages à travers le monde. Et in fine, moins de photoreporters et des agences photo qui réduisent leurs activités. Jean-François Leroy, directeur et fondateur de Visa pour l’image, déplore ainsi la baisse de sujets sérieux (en clair : des photos sans concessions, voire dérangeantes, sur les conflits du monde) au profit d’une actualité plus légère, plus « people ». En réaction, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a commandé un « état des lieux » et annoncé ce lundi 30 août la création d’un « observatoire du photojournalisme » ainsi que plusieurs mesures destinées à soutenir la profession.

Halte à l’« OverPhotoshopping » ?
La formule est de Jean-François Leroy et traduit bien ses préoccupations, partagées par nombre de photographes traditionnels. A-t-on le droit de  rehausser couleurs et contrastes de photos prises sur le vif ? Les demandes des magazines et de leurs lecteurs pour des visuels plus forts, plus impactants, sont-elles légitimes ? « Quand les photos sont plus colorées que les publicités, il y a problème ! L’esthétisme prime sur l’info» déclare Jean-François Leroy en ouverture de Visa pour l’image. Beaucoup avec lui s’inquiètent de ce que les générations montantes de photographes ne feraient  plus la différence entre photo plasticienne et photojournalisme. Pourtant la postproduction a toujours fait partie de la prise de vues, et les retouches en labo n’ont pas attendu l’arrivée de Photoshop. L’objectivité de l’écriture photographique est un mythe, une photo est forcément une représentation du réel qui inclut à la fois contraintes techniques de l’appareil et subjectivité du photographe.  Jean-François Leroy en est conscient, mais veut attirer l’attention sur certaines pratiques qui pour lui sont des dérives.

Un seul festival ne tranchera pas les débats, mais comptez sur Visa pour l’image et son directeur pour revenir sur ces préoccupations dans ses prochaines éditions.

Paul Schmitt, août 2010

PS : les Visas d'or 2010 :

Bande de Gaza. 11 Décembre 2009. Protestation des jeunes membres de la brigade Ezzedeen al-Qassam, une branche du Hamas. Le Hamas a été fondé le 14 Décembre 1987 et  a célébré son 22ème anniversaire cette année.

Port-au-Prince, Haïti. 23 Janvier 2010. Une femme s’effondre en larmes devant les ruines de la cathédrale de Port-au-Prince, à la fin des funérailles en l’honneur de l’archevêque haïtien Joseph Serge Miot. Lendemains du tremblement de terre de magnitude 7 qui a dévasté une grande partie de la ville.