Visa pour l'image 2016

Après la guerre, l’exode. Poignant d’humanité.

La révolution puis la guerre civile en Syrie occupent le devant de la scène au festival Visa pour l’image depuis quelques années déjà. Mais ce Visa pour l’image, à Perpignan jusqu’au 11 septembre 2016, se concentre sur ses conséquences : les flots de réfugiés tentant d’échapper au conflit et de gagner l’Europe. Un phénomène qui ne laisse personne indifférent, et surtout pas les photojournalistes. Plus que des mots, les images évoquent ce que nous comprenons tous instinctivement : le désir farouche de survivre, de mettre sa famille à l’abri, de refaire sa vie.

Rien d’étonnant donc à ce que le prestigieux Visa d’Or News 2016 soit revenu au photographe grec Aris Messinis qui n’a pas hésité à aider aussi bien qu’à photographier les réfugiés arrivant sur l’île de Lesbos face à la Turquie. De même que le Visa d’Or de la Presse Quotidienne est revenu au journal slovène Dnevnik pour son photoreportage aux frontières avec la Croatie. Par contre, pas une photo sur les attentats de l’année, un choix volontaire que Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image, assume au nom du « refus d’un francocentrisme ». Une autocensure qui apparemment n’a choqué personne, pas une critique dans les médias…

Les autres conflits et les reportages sociétaux ne sont pas pour autant absents de Visa pour l’image 2016. Le photographe brésilien Peter Bauza a été distingué par le Visa d’Or Magazine pour son reportage sur les oubliés de Copacabana, en marge des JO. Enfants soldats en Colombie de Juan Arredondo, la renaissance d’une ville après Tchernobyl vue par Niels Ackermann, le braconnage des éléphants documenté par Brent Stirton sont aussi à voir à Perpignan. Car, comme le réaffirme le photographe grec Yannis Behrakis, « les images font pression, elles sont là pour qu’on n’oublie pas, qu’on ne puisse pas dire qu’on ne savait pas ».

Clémentine Gaspard, septembre 2016

PS: saluons aussi la mémoire de Marc Riboud, grand photographe français disparu le 30 août, présent à Visa pour l'image à travers un choix d'images d'actualités des années 60: Cuba, etc.