In and out of Fashion

De la photo de mode à la photo d’art, Viviane Sassen sait donner un aspect mystérieux aux formes de la réalité.

Née en 1972 à Amsterdam, Viviane Sassen est  reconnue aux Pays-Bas et au-delà pour ses photos artistiques d’Afrique qui lui ont valu le prix de Rome en 2007. Parallèlement, elle a continué sa carrière de photographe de mode avec là-aussi un style très distinct qui lui a valu une renommée grandissante. Bien que ces photos soient de commande, avec les contraintes que cela implique, Viviane Sassen a su garder sa liberté créative.

Travaillant souvent par libre association d’idées, Viviane Sassen désincarne ses sujets, mêlant corps et atours dans une mêlée apparemment confuse. Un travail de « laboratoire » selon sa propre expression, proche dans l’esprit du surréalisme. Avec un sens de la composition que renforcent des couleurs vives, parfois saturées, ainsi que les jeux graphiques que dessinent ombres et lumières. En témoigne sa série avec la styliste française Roxane Danset, sa « Grace Jones » dit-elle en référence au rôle de muse qu’a joué cette dernière pour Jean-Paul Goude. On avait pu apprécier l’étendue de son talent dans le cadre de sa rétrospective (un mot étrange pour une femme jeune) au Huis Marseille, musée de la photographie d’Amsterdam en 2013 (voir galerie 2 ci-contre).

Plus récemment, ses recherches empruntent à la peinture moderne abstraite, égalant lignes du corps et lignes géométriques, modifiant sens et lignes de perspectives. En 2014, elle a réalisé spécialement pour le Nederlands Fotomuseum de Rotterdam une nouvelle série de photos autour des jeux d’ombre (en latin « umbra »), un thème caractéristique de son œuvre. Des créations à la limite de l’abstraction composent ici un ensemble kaléidoscopique où imagination et illusion interpellent le spectateur. Poétique et spectaculaire, cette série Umbra, augmentée de poèmes de l’écrivain Maria Barnas, est maintenant visible à Paris, à l’Atelier néerlandais (ex-Centre culturel néerlandais) jusqu’au 2 novembre 2015.

Clémentine Gaspard, septembre 2015 & janvier 2013