J'aime bien la réflexion de Merleau-Ponty qui parlait du sens muet de la peinture. Nous, nous sommes dans un espace qui n'est plus muet. Il y a vingt ans, il était malaisé de se poser des problématiques de communication interactive. Aujourd'hui, la réflexion porte sur les rapports entre le son, l'image, la typographie, liés à cette technologie multimédia qui, de plus, apporte la dimension de l'interaction. En fait, nous sommes sortis de la période du tout image pour entrer dans celle du dialogue entre les différentes formes du sens.
Ce qui n'empêche pas les grands architectes de continuer à faire des perspectives dessinées pour certains projets, ce qui est le cas de l'atelier de Jean Nouvel. C'est comme les groupes de rock qui, de temps en temps, sortent un disque de guitare "sèche". C'est cela qui est intéressant : interroger la technique, mais pour la mettre en question il faut avoir un minimum de bagage. Car on ne peut interroger que ce que l'on a acquis et en même temps, si l'on acquiert trop de choses, on n'arrive plus à les interroger.
Auparavant, les problèmes de hiérarchisation se posaient par rapport aux supports que l'on travaillait, et il est vrai que l'on bénéficie de cinq siècles de maîtrise de ces supports. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une technique qui génère de nouvelles solutions plastiques, des nouvelles hiérarchisations de thèmes et de nouveaux rapports des éléments entre eux."