
"Chaque époque privilégie des champs de sensibilité différents et notre rapport au réel s'exprime par ces champs de sensibilité. Le fait que, grâce au numérique, on puisse connecter ensemble différents médiums, image, mouvement, texte, son, que l'on ait la possibilité d'intervenir physiquement dans l'espace avec des machines, tout cela modifie la perception.
Citons un exemple : pour me regarder dans un miroir, je dois être dans une position statique. Grâce à un dispositif vidéo, je peux visionner ma propre image tout en bougeant. Je sors du problème de Narcisse où il faut que je meure pour pouvoir fixer une image. Contrairement à ce que certains croyaient à la fin du vingtième siècle, la métaphore n'est pas morte. Nous entrons dans une une nouvelle mythologie, un nouvel espace symbolique alimenté par une nouvelle sensibilité.
Chaque génération s'appuie sur sa propre sensibilité et opère des ruptures en copiant mal et justement, à chaque fois, il y a des déperditions qui permettent de créer. On peut choisir de se mettre du côté de ceux qui regrettent ces déperditions ou au contraire, de se réjouir de l'apparition du nouveau. L'attitude artistique est elle-même paradoxale puisqu'elle fabrique du nouveau en regrettant l'ancien. "Le Temps retrouvé"...