
"Nous sommes toujours dans les années 1980, peut-être 1987. Pour le CRAC (Centre de Recherche et d’Action Culturelle) de Valence, consacré au cinéma, dont nous avions toute la programmation graphique, nous sommes partis sur une création en noir et blanc. Et ça avait vraiment fait des vagues. Ce graphisme très radical, très épuré avait dans la région lyonnaise été beaucoup copié… Il finissait par symboliser la culture. Il faut aussi se rappeler qu’à cette époque, l’ordinateur ne s’était pas encore imposé et que le choix du noir et blanc avait des conséquences financières bien plus importantes qu’aujourd’hui. C’était également un moyen de très clairement se séparer de la publicité. Et c’est probablement ce qui m’importait le plus, à l’époque, parvenir à créer des styles graphiques qui, même quand on est dans l’espace public, soient indéniablement en rupture qualitative, c’est à dire pas noyés, pas dans le même discours, que ce qu’on connaît de la publicité. On verra qu’après il y a eu d’autres attitudes par rapport à cela. Là, nous étions encore dans cette attitude que je pourrais presque considérer de Protestante, qui consistait à affirmer que la culture risque de réduire par rapport au shopping. Donc à cette époque, je possédais une sorte de croyance dans le minimalisme que j’ai un peu abandonnée après."