La création avant tout

Arménienne d'Istanbul, installée en France depuis plus de 25 ans, Sevan Demirdjian a su imposer sur la scène culturelle hexagonale l’élégance raffinée de son graphisme.

Quand elle débarque en France en 1979, Sevan Demirdjian vient de remporter à Istanbul une bourse pour suivre des études d’ingénieur en France. Installée dans la banlieue lyonnaise, elle comprend vite qu’elle s’est fourvoyée. "J'ai cherché dans les bibliothèques de la ville l'alternative sans savoir toutefois ce qu'elle pouvait être", se souvient-elle. Et c’est, elle le pense aujourd’hui, une image très épurée du graphiste japonais Ikko Tanaka qui lui a "donné le sens de l'itinéraire à suivre". Installée à Paris, à la Maison des étudiants arméniens de la Cité internationale universitaire, elle s’inscrit à l’Ecole nationale des arts appliqués Duperré de Paris. La rencontre du futur graphiste Philippe Apeloig (voir son portfolio) sur les bancs de cette école lui donne la curiosité de sortir du cadre scolaire pour élargir ses connaissances graphiques dans les bibliothèques et les expositions parisiennes. Après Duperré, Sevan Demirdjian fait ses véritables classes au sein de l’agence de communication Eclectic, dirigée par Bob Adamski. "J’y ai tout appris, en l'occurence la capacité à résoudre un problème graphique comme un problème cosmique ou mathématique. C'est peut-être là que j'ai renoué avec ma première vocation, celle de devenir scientifique", reconnaît-elle aujourd’hui.

Image de marque

Ses années d’apprentissage passées, Sevan Demirdjian crée son atelier en 1987. Elle répond principalement à des commandes culturelles car le monde du marketing ne l’inspire pas. "J’ai du mal avec la sacro-sainte image de marque", reconnaît-elle. Un tropisme en faveur du monde culturelle qui ne l’aura jamais empêchée de travailler. En 20 ans de carrière, la graphiste reconnaît n’avoir jamais manqué de commandes.

Inspirations

Inpisrée par le Constructivisme russe, par le supprématisme, Sevan reconnaît un véritable intérêt pour le rapport de forces entre les formes. "J’aime beaucoup le travail de Josef Müller-Brockmann, l’école suisse, Bruno Monguzzi…"

Signature graphique

Amoureuse des lettres, elle en fait le pivot de son esthétique. Une signature graphique aisément reconnaissable mais qui parvient à se renouveler. "Qu’on reconnaisse mon style prouve qu’il y a une continuité dans mon travail", explique-t-elle. "Je trouve cela élogieux."

Fidélité

Stimulée par les contraintes inhérentes à chaque commande, jalouse de son indépendance, Sevan Demirdjian ne part plus en quête des très gros budgets, préférant cultiver les relations au long terme, comme avec la Biennale nationale de danse du Val de Marne (14 ans), BNP Paribas (7 ans) ou le Théâtre du Beauvaisis (5 ans).

Farouchement indépendante, postée sur sa ligne de conduite graphique, inspirée par les sujets culturels, primée à plusieurs reprises dans des manifestations internationales, Sevan Demirdjian s’est bâtie une place à part dans le petit monde de la création graphique mondiale.

Léonor de Bailliencourt - Février 2007
Pour plus d’informations : http://www.sevandesign.com