Gianpaolo Pagni

Illustrateur, mais aussi dessinateur de presse, peintre…  Gianpaolo Pagni est un artiste complet.

Est-il peintre ou illustrateur ou encore affichiste ? Gianpaolo Pagni n’en a cure. Il définit son art comme de la « peinture graphique », mélangeant éléments abstraits et décoratifs avec d’autres plus figuratifs, silhouettes ou caractères dessinés, animaux, objets. « Je  n’essaie pas de créer une histoire avec mes images, j’essaie juste d’évoquer quelque chose, avec des images sensuelles et tactiles. » Il collectionne, décline, inventorie… L’accumulation, inhérente à son travail, est devenue un langage qu’il développe à travers la peinture, les découpages, les tampons, la gravure et le dessin.

Gianpaolo Pagni, né à Turin en 1969, suit ses parents à Paris à l’âge de seize ans avant de faire des études artistiques  à l’Institut d’Arts Visuels (IAV) à Orléans. De retour dans son studio à Paris, il se met à peindre, un « besoin devenu vital » pour lui. Parallèlement, il développe son activité de dessinateur de presse, un travail qu’il apprécie particulièrement pour la liberté créative qu’on lui laisse et les délais serrés de création qu’on lui impose… . Ses dessins sont publiés dans la presse française et étrangère : Libération, Le Monde, XXI, The New York Times, The Guardian, la Stampa… Gianpaolo Pagni travaille également pour l’édition, illustrant notamment les couvertures des romans de Michel Houellebecq et de Tahar Ben Jelloun.

« Tous les éléments figuratifs dans mes œuvres proviennent d’une énorme base de données que j’ai bâtie en utilisant du papier calque pour copier des personnages, des objets, des animaux, des formes… En un sens, j’ai constitué une compagnie d’acteurs, avec leurs décors, que je peux utiliser selon les besoins de l’image. » explique Gianpaolo Pagni dans une interview à Elephant magazine (janvier 2010).

Grand adepte du recyclage, il peint sur des supports imprimés comme les pages de magazines. Sa série Very est une entreprise d’effacement des pages du magazine du même nom, par la couleur et parfois aussi de détournement, laissant apparaître un mot, un chiffre, un nom, une phrase. Il redonne alors à ces pages un sens poétique, absurde et énigmatique à travers des éléments visuels extraits eux-mêmes de différents supports imprimés).

 Ses deux derniers livres d’artiste parus en 2010, Mirandola, tentative d’épuisement d’empreintes d’objets tamponnables et Dedans sont des exemples de l’intérêt qu’il porte à l’empreinte sous toutes ses formes ainsi qu’à l’Oulipo. Dans Mirandola, il nous donne à voir une encyclopédie visuelle d’objets « tamponnables ». Ces objets sont ceux qu’il trouve un peu partout ; chez lui, chez les autres, dans la rue… C'est l'éloge du banal, l'éloge du déchet et des petits objets oubliés dans un tiroir. Pour Dedans, Gianpaolo Pagni découpe des silhouettes : personnages, animaux, végétaux, formes abstraites et énigmatiques, tout y passe. Il les met à l’honneur à travers une succession de pages peintes, hautes en couleur et très graphiques.

L’exposition à la Médiathèque Hermeland, à la bibliothèque de Saint Herblain près de Nantes, présente jusqu’au 19 mars 2011  cent cinquante dessins de l’artiste : œuvres personnelles (Véry, Serial painter, Livres libres…), dessins de presse, publications (Dedans, Mirandola, Double face),… acryliques sur toile et sur papier de soie, peinture industrielle sur papier imprimé, peinture et découpe sur rhodoïd, tampons sur papier mousseline…  Gianpaolo Pagni dans toute la diversité de son art.


Clémentine Gaspard, février 2011